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13 août 2003

Il est l’heure de penser au rôle des entreprises sociales en Argentine

par Alcira Argumedo*

 

Toutes les versions de cet article : [Español] [français]

Si on établit une relation entre les différentes informations publiées ces derniers jours, apparaît la possibilité réelle de trouver une sortie à la catastrophe à laquelle fait face l’Argentine. Parce qu’au-delà des petites variations positives que montrent les indices de chômage ou de pauvreté, les chiffres indiquent que nous sommes devant une catastrophe et l’on doit agir en conséquence. Si 54,7% de la population est sous le seuil de pauvreté et 26,3% dans l’indigence, la diminution d’un ou deux points en pourcentage n’est permet de trop se réjouir.

Avec le chômage il arrive quelque chose de semblable : les chiffres ont baissé de 17,8% au 15,6 ; ; mais si on reconnaît comme chômeurs ceux qui reçoivent des d’aides du plan pour les Chefs de Foyer - équivalents à 50 dollars mensuels - les niveaux monteraient à 21,4%. Quant au reste, la majorité des nouveaux postes de travail sont au noir, dans le secteur informel de l’économie. Personne ne nie que les plans pour les Chefs de Foyers ont permis d’alléger au minimum des situations angoissantes, mais il est l’heure de penser à des stratégies à court et moyen terme qui permettent de créer des sources légitimes de travail et une augmentation sensible des revenus.

Ceci est lié avec une seconde information : l’usine récupérée Zanello, de Córdoba, producteur de tracteurs, vient de recevoir le Prix à l’Innovation Technologique dans l’Exposition Rurale (argentine), pour la création du premier tracteur à gaz liquide du pétrole qui est unique au monde. Quand ils ont commencé en 2001, les travailleurs n’avaient même pas de rondelles dans l’usine et encore moins de ressources économiques ; mais la créativité de la pensée collective et les valeurs solidaires entre les travailleurs, techniciens, ingénieurs et les futurs acheteurs, leur a permis en seulement deux années de transformer leur usine en un exemple de production d’avant-garde.

Le Mouvement National d’Entreprises Récupérées - entreprises qui donnent actuellement du travail à 12000 personnes et représentent 100 millions de dollars de chiffre d’affaire- calcule qu’avec un apport de 3000 pesos (1000 u$s ou €) par poste de travail serait suffisant pour l’immédiat pour chaque récupération. Entre autres possibles récupérations, le mouvement mentionne l’usine Noël à Mendoza, avec 600 personnes ; l’atelier de voies de chemin de fers de Los Hornos, avec 180 ; l’usine Fader de compresseurs pour équipements de froid avec 360 ; l’entreprise frigorifique Santa Elena à Entre Rios avec 900 personnes.

Une troisième nouvelle nous apprend que les « privatisées » réclament 17000 millions de dollars pour les pertes subies à la suite de la dévaluation et du gel des tarifs. Sans approfondir les sujets de la corruption et les abus, qui ont eu des bénéficiaires privilégiés, certains calculs par des chiffres recoupés permettent de se rendre compte des options politiques de fond auxquelles fait face notre pays.

Et ceci est en relation avec la cinquième information, offerte par le Wall Street Journal, qui indique aux banquiers investissements, brokers et directeurs de fonds comme responsables "d’un des effondrements économiques les plus spectaculaires que l’histoire moderne" : précisément, ce sont ceux qui pressent maintenant pour une négociation de la dette dans les termes qui ont porté à cet effondrement, avec le FMI à la tête. Le problème de la dette externe et celui de la politique vis à vis des privatisations requerraient un débat rigoureux qui ne peut pas se solder avec de simples remises ou décisions de ne pas récupérer pour le secteur public des secteurs stratégiques de l’économie, comme les ressources énergétiques, les AFJP (Fonds de Pension), les télécommunications et autres secteurs. Parce que la clé du dépassement de la crise argentine suppose de disposer des ressources ; et nous savons tous que les ressources indispensables sont aujourd’hui entre les mains des grands bénéficiaires des politiques de pillage.

La conception d’un vaste plan de création d’entreprises sociales de qualité dans tout le pays -récupérées ou nouvelles- pour le secteur rural, industriel, commercial et de services, suivant l’exemple des entreprises récupérées, permettrait de renverser dans un terme relativement court le drame du chômage. Si au lieu des 3000 pesos par poste de travail sollicités par le Mouvement National d’Entreprises Récupérées on accordait 10000 pesos, la revenus pour trois millions de travailleurs dans ce type d’entreprises signifierait un apport de 30000 millions de pesos ; soit 10000 millions de dollars.

En résumé, avec un équivalent de 58% des 17.000 millions de dollars que demandent seulement « les privatisées » comme compensation pour leurs "pertes" il serait possible de résoudre une partie plus grande le chômage et de la pauvreté, en dynamisant l’économie grâce à un cercle vertueux d’augmentation de la consommation interne.

L’Argentine regorge des talents dans ses Universités Nationales, dans les Universités Technologiques régionales, dans les regroupements sectoriels qui font des études ou des propositions spécifiques et spécialement dans les mouvements sociaux et dans cette immense masse de compatriotes qui ont démontré l’efficience et la potentialité des solutions collectives, de coopération et de solidarité.

Quant au reste, les nouvelles modalités participatives d’organisation des processus de travail sont semblables aux avancées des cercles de qualité, qui déplacent les traditionnelles manières verticalistes et segmentées -typiques de la Révolution Industrielle- en accord avec la demande de la Révolution scientifique- Technique, et aussi montrent le caractère anachronique et parasitaire de l’ancien patronat.

Commençons à faire face sérieusement le sujet de la pauvreté et du chômage, parce que tôt au tard le Gouvernement et cette société endolorie devront opter sur le destin des ressources du pays .

Alcira Argumedo ? Sociologue.

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