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22 février 2010

Trois révolutions en Bolivie

 

La Jornada . Mexico, le 21 Février 2010.

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La Bolivie mène trois révolutions simultanées : l’une, démocratique, décolonisatrice, modernisatrice ; l’autre, culturelle, éliminant le retard et la barbarie imposés par le passé d’exploitation et de soumission, et la troisième, sociale, de contenu anticapitaliste. Evo Morales et son gouvernement conduisent les deux premières avec une grande vigueur et décision, mais les formes et le contenu de la troisième sont encore indéfinis.

Deux cas récents illustrent les difficultés qui dérivent du passé. La première émane de l’ intellectuel aymara et ex-ministre Félix Patzi, jusqu’à peu candidat à rien de moins que gouverneur de La Paz et qui vient de passer à l’opposition et d’essayer de former son propre parti paysan sur des bases racistes (il raconte que les ministres blancs le poursuivent). L’autre vient du refus de l’État-Major des forces armées à fournir à la justice les documents sur la dictature, les disparitions et les tortures. Analysons-les un peu.

Le gouvernement, par la voie légale, avait déclaré que conduire en état d’ébriété constituait un délit punissable de prison, comme dans tous les pays civilisés. Le syndicat des chauffeurs d’autobus a déclaré une grève de 48 heures pour que l’on révoque cette mesure, défendant évidemment le « droit » de conduire ivre et, de plus, Patzi a été arrêté alors qu’il conduisait sous l’emprise de l’alcool et tout de suite Evo Morales, ainsi que le MAS, son parti, l’ont automatiquement éliminé comme candidat pour être gouverneur de la principale ville bolivienne, malgré sa popularité et son appui organisé.

Patzi, par-dessus le marché, d’abord a menti après avoir essayé d’expliquer son ivresse en disant qu’il venait d’une inexistante veillée mortuaire d’une cousine. C’est à dire, qu’il a opposé les usages et coutumes (dans les veillées mortuaires tout le monde boit) à la loi étatique et, après, par-dessus le marché, il est parti vers sa région natale pour que sa communauté lui applique un châtiment (faire mille briques d’adobe en trois jours). L’impossibilité matérielle de le faire dans ce court laps de temps (réduit de plus par des entretiens et des réunions) constituait en soi même, encore une fois, un mensonge évident et une tentative d’opposer les usages et coutumes à la loi de l’Etat (bien que, de leur point de vue , il revient que le châtiment soit établi dans la communauté où il avait commis le délit, et non pas dans sa communauté d’origine).

La loi de la République a été violée au nom de l’inclusion des usages et coutumes dans la Constitution mais en piétinant en même temps le précepte indigène officiel de « ne pas mentir », profitant qu’en Bolivie, comme dans beaucoup d’autres pays, se soûler est quelque chose de très commun et de viril, de telle façon que le synonyme de boire est « macharse » [de macho, affirmer sa masculinité]. Les décisions légales qui tend à renforcer l’État ont été , d’autre part, bafouées d’autant plus dans ce cas par l’indigénisme raciste de Patzi (et de ses adeptes arriérés qui croient que les exploiteurs sont seulement les k’aras, les blancs, alors qu’il y a des aymara capitalistes) et par le népotisme et le clientélisme de l’ex-ministre pendant son mandat d’administrateur public, ainsi qu’avec le corporatisme de la Fédération Paysanne de La Paz, qui l’a suivi aveuglement, et sur quoi Patzi essaie de construire son parti d’oposition.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi

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