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6 octobre 2005

L’ambassadeur de la France en Argentine disqualifie le gouvernement argentin dans un style « Café de Commerce »

Un autre mauvais coup d’un verre remplit par Suez.

 

La lutte entre Suez et le Gouvernement continue par d’autres moyens. L’ambassadeur français a eu des commentaires déplacés envers le gouvernement de Kirchner à propose de son attitude face au Groupe Suez, en le qualifiant de « populiste » et « d’un peu soixante-huitard ». Cristina Fernández de Kirchner a profité de sa visite dans une usine récupérée de Berazategui, pour répondre à l’ambassadeur en l’accusant de se comporter comme le « gestionnaire d’intérêts économiques » du groupe privé.

Par Raúl Dellatorre
Pàgina 12
. Buenos Aires, le jeudi 6 octobre 2005

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L’ambassadeur de la France en Argentine, M. Francis Lott, a qualifié de « populiste » et « d’un peu soixante-huitard » l’attitude du gouvernement de Néstor Kirchner lors des négociations avec le groupe Suez dans la renégociation qui a échoué du contrat d’Aguas Argentinas. « On dirait un gestionnaire des intérêts économiques du Groupe Suez », a réagi le sénateur Cristina Fernández de Kirchner après avoir pris connaissance de ces déclarations. « Quand un ambassadeur insulte le Gouvernement, il ne le fait pas contre le Président, mais contre le peuple argentin », lui a répondu la candidate.

Les propos de l’ambassadeur Lott ont provoqué un choc profond au palais présidentiel. Le président Néstor Kirchner a indiqué à son entourage, à titre d’avertissement, que « c’est une ingérence dans les affaires internes » de l’Argentine. Un de ses proches a demandé s’il n’allait pas y avoir une réponse à la hauteur de la part de la Chancellerie. Hier soir, le Président a tenu une longue réunion avec ses conseillers, y compris le ministre des Relations Extérieures, Rafaël Bielsa. Où a été évalué la teneur de la réponse, en n’écartant pas que soit le représentant du gouvernement français soit convoqué à la Chancellerie pour qu’il présente des explications sur ses propos.

L’attitude du diplomate français a été considérée comme une provocation face à la situation actuelle de conflit, encore en cours, entre le Gouvernement et le titulaire de la concession des services sanitaires en Capital Fédéral et sa banlieue, Aguas Argentinas. Après la décision de ce consortium de laisser la concession, à la demande du Groupe Suez, une âpre discussion entre le Gouvernement et l’entreprise a été entamée autour des responsabilités pour la rupture du contrat et des menaces croisées de procès en demande d’indemnisations ont circulé. Alors qu’, à travers une négociation qui concerne le gouvernement espagnol et la direction de Repsol-YPF comme médiateurs, on cherche un certain rapprochement et une sortie non traumatique qui, à son tour, assurera la continuité du service. Cela ne sera pas facile, mais chaque fois que la polémique monte de ton, comme hier, la situation se complique encore plus.

Lors d’une rencontre à caractère diplomatique, et en présence de journalistes de son pays, l’ambassadeur français a fait des commentaires comme quoi il est habituel que les entreprises étrangères se sentent « étranglées par les gouvernements ».

Cela étant dit en faisant allusions à la relation entre Suez et le gouvernement argentin, pouvait s’avérer déjà déplacé. Toutefois, en accord avec la référence concise donnée par l’agence France Presse de cette rencontre, Francis Lott a été au delà en qualifiant de « populiste » et « soixante-huitard », qui dans le jargon populaire renvoie aux nostalgiques du mai 68 français, le gouvernement argentin.

On se souvient du « mai 68 » français comme la rébellion estudiantine de ce mois de l’année 1968, quand les universitaires sont sortis dans les rues pour accompagner les manifestations ouvrières, en donnant lieu à un courant culturel et intellectuel de gauche qui, pour beaucoup, a marqué une époque. Le ton entre dédaigneux et méprisant avec lequel on fait référence à ceux « nostalgiques » de cette époque ressemble dangereusement au qualificatif de « setentistas » auquel, en ces latitudes, la droite fait généralement appel pour associer une partie de l’actuelle direction politique dans le Gouvernement aux faits de cette époque, particulièrement ceux liés à la violence politique.

Conscient ou non de cela, le diplomate français a touché les fibres les plus intimes du Gouvernement avec ses propos la grande majorité de ses membre ont été victimes des militaires. El Correo). Néstor Kirchner a fait part à son bureau et à son entourage, devant ses proches, de sa bronca. A ce moment, le chancelier, Rafaël Bielsa, mettait son costume de candidat pour prendre part au débat qui a été diffusé la nuit dernière par le canal TN. Celle qui effet a repris immédiatement la consigne lancée par le Président fut l’autre candidate Cristina Fernández, qui depuis la réunion en Berazategui, aux portes d’une usine récupérée, a envoyée sa réponse.

« Il agit comme le gestionnaire des intérêts économiques » de Suez, l’a t-elle accusé. « Il doit savoir qu’il se trouve dans un pays souverain, où les décisions sont prises par le Président, le Parlement et la Justice », elle lui a expliqué. « Quand un ambassadeur insulte le Gouvernement, ce n’est pas contre le Président mais contre le peuple argentin », a t-elle conclu.

Entourée de travailleurs métallurgistes, à Berazategui, la candidate officialiste s’est lancée en piqué contre l’ambassadeur de France, contre Suez et contre Aguas Argentinas. « Vous connaissez bien qui est Suez, non parce qu’il vous a donné de l’eau, mais parce qu’il vous a contaminé », a t-elle dit aux habitants de cette ville, en rappelant les problèmes de pollution des nappes phréatiques.

La sortie traumatique de Suez de la concession d’eaux est un film à suspens. Bien que le moment du dénouement ne finit pas d’arriver. Une fois de plus, un représentant de la France paraissait jeter les négociations dans le vide avec des tels propos. Hier tout a été de la pyrotechnie verbale. Il se peut qu’aujourd’hui viennent le moment de la diplomatie.

A suivre ?


Voir aussi : Affaire Suez-Aguas Argentinas :
L’attitude française : un condensé de mauvaise foi, d’arrogance, et d’ignorance

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