recherche

Accueil > Les Cousins > Colombie > Arrestation de Raul Hasbun, l’entrepreneur paramilitaire bananier de la (...)

6 mai 2008

Arrestation de Raul Hasbun, l’entrepreneur paramilitaire bananier de la Colombie.

 

Avec l’arrestation de Raul Hasbun on pourrait ouvrir la Boîte de Pandora des liens entre des entrepreneurs et les Auto-Défenses de Colombie (AUC).

Semana.
Bogotá, Colombie, le 5 mai 2008.

Leer en español

Pendant des années Raul Hasbun était omniprésent dans l’Urabá. Dans toute la région il était connu comme « Pedro Bonito » et personne n’ignorait que depuis plus d’une décennie c’était l’homme fort de Carlos et Vicente Castano dans cette région. Bien que son nom soit passé inaperçu dans la liste de démobilisés du bloc bananier, pendant le processus de « justice et paix » on a connu son rôle comme chef de cette organisation.

Il était le lien entre les entreprises bananières, y compris la multinationale Chiquita Brands , et les paramilitaires. Mardi dernier il a été arrêté dans Cúcuta et on espère qu’avec son témoignage va s’éclaircir l’ampleur du lien entre ces entreprises et les groupes armés. Hasbun est le fils cadet d’Emilio Hasbun, un entrepreneur qui dans les années 70 a changé les champs de coton en bananiers et a lancé l’élevage dans l’Urabá. Ses affaires ont rapidement prospéré, avant que la violence ne s’installe dans la région. Mais en 1980 le patriarche des Hasbun est mort dans un accident d’avion, aux côtés de son fils José, qui était son bras droit dans les affaires. Cette tragédie a changé le cours de la vie de la famille, qui s’est trouvée obligée de déménager à Medellín. Les terres sont restées en jachère et plusieurs de ces champs improductifs ont été récupérés par des paysans encouragés par l’EPL et les Farc.

Au milieu de cette convulsion politique et sociale, Raul Hasbun a abandonné ses études et avec les rudiments que lui avait donnés son père, il s’est consacré à administrer les affaires de sa famille. Convaincu qu’il récupérerait les terres à tout prix, il a cherché l’appui des paramilitaires, qui commençaient à arriver dans la région.

En 1996 il a été formellement admis aux AUC et en peu de temps il est devenu le commandant de toute la zone bananière, justement à l’époque où cette zone a eu le taux le plus élevé d’homicides de son histoire. Hasbun a commencé à être craint parce que ses lieutenants morcelaient les parcelles de Turbo ou de Riosucio pour les dépouiller. Le système était simple. "Hasbun, à travers ses « receveurs », offrait d’acheter 200.000 pesos (72,72€) l’hectare de terre sans titre et 250.000 (98,89€) l’hectare avec titre", raconte un petit entrepreneur qui au début s’est refusé à vendre sa propriété à Riosucio, Urabá chocoano, dont la terre était évaluée à 800.000 pesos (291.18€) l’hectare. Cependant, la pression est devenue si insupportable qu’il a du vendre. Bien qu’ils ne lui aient pas payé tout l’argent du.

C’est l’une des victimes qui a porté plainte devant le Ministère public, ainsi que Carmen Palencia, qui est à la tête des parceleros de Nueva Colonia, plusieurs d’entre eux ont accusé Hasbún de les forcer à vendre ou d’abandonner leurs terres, en utilisant la pression des auto-défenses. La pression qui inclut l’assassinat de Fidel Hernández, l’un des parceleros qui se refusait à vendre sa terre.

Mais le rôle de Raul Hasbun dans les AUC était beaucoup plus important comme lien entre le groupe criminel et les entreprises privées d’Urabá. Salvatore Mancuso et Éver Veloza, alias ’ H.H. ’, l’ont désigné comme le cerveau qui a conçu « l’impôt » de trois centimes de dollar sur chaque boîte de bananes qui sortait de la région. La Chiquita Brands a déjà reconnu devant la justice des États-Unis qu’elle a fait ces versements, a eu à payer une amende de 25 millions de dollars pour cela. Actuellement, le Ministère public enquête sur d’autres entreprises locales qui ont été aussi mentionnées par Mancuso comme sponsors des groupes armés. Selon les paramilitaires, Hasbun a créé un système très organisé qui consistait à investir deux centimes dans la mutuelle "Covivir Papagayo". Un centime allait à ce qu’on suppose un investissement social, à travers même mutelle, un autre centime directement aux AUC.

Pour tout cela, c’est bizarre que en 2004, quand Hasbun a été démobilisé du Bloc Bananier, il n’a pas postulé pour la Loi de Justice et de Paix. Aujourd’hui l’importance pour la justice réside dans le fait que c’est l’homme qui a dans son pouvoir certains secrets les mieux gardés du paramilitarisme : le rôle que beaucoup d’entrepreneurs comme lui ont joué dans le développement des paramilitaires et leur sillage de mort.

Traduction de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi.

Retour en haut de la page

El Correo

|

Patte blanche

|

Plan du site