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30 septembre 2015

« Vladimir Poutine en vedette américaine aux Nations Unies » René Naba

par René Naba *

 

Pour sa première apparition aux Nations-Unies après dix ans de bouderie, Vladimir Poutine a ravi la vedette à ses contestataires, s’offrant le luxe de proposer à ses rivaux la mise sur pied d’une coalition avec ses anciens adversaires, le bloc atlantiste et les pétromonarchies du Golfe, contre ce qu’il considère être leur ennemi commun, l’Etat islamique, fruit de la copulation ancillaire des anciens officiers irakiens sans solde et il cappo di tutti cappi du djihadisme takfiriste dégénératif, le Prince Bandar Ben Sultan.

Savourant les effets cumulatifs de « la diagonale du fou » qu’il a initié sur l’échiquier international, entraînant un spectaculaire retournement de la donne politique et militaire de la guerre de Syrie, le président russe a projeté dans la pénombre ses anciens rivaux occidentaux les plaçant sur la défensive.

L’homme, il est vrai, a bousculé depuis deux ans, les règles d’engagement du combat. Ripostant à une opération de déstabilisation de son allié ukrainien par des organisations non-gouvernementales en connexion avec le bloc atlantiste, Poutine a purement et simplement rattaché la Crimée, hissant le pavillon russe sur le port stratégique de Sébastopol.

Prolongeant sa démonstration sur le flanc sud de la Méditerranée, Poutine a opéré un redéploiement stratégique en Syrie pour soutenir l’allié indéfectible de Moscou depuis près d’un demi-siècle, seul pays arabe, avec l’Algérie, à avoir maintenu sa coopération avec ce pays depuis l’implosion de l’Union soviétique.

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En écho, Barack Obama a souscrit à une telle coopération, assurant lundi 28 septembre à l’ONU qu’il était prêt à travailler avec la Russie et l’Iran, soutiens du régime syrien, pour tenter de trouver une issue au conflit syrien, mettant toutefois un bémol, quant au maintien à long terme au pouvoir du président Bachar el-Assad : « Après tant de sang versé et de carnages, il ne peut y avoir un retour au statu quo d’avant la guerre », a-t-il fait valoir.

Le président usaméricain a assuré que les Etats Unis ne souhaitent pas « un retour à la guerre froide » avec la Russie, en dépit des sanctions imposées à Moscou en raison de son intervention en Ukraine.

De tous les dirigeants occidentaux, Barack Obama, il est le vrai, est le seul à pourvoir présenter un bilan aussi glorieux avec sa normalisation avec Cuba et l’Iran.

Troisième intervenant, François Hollande a déployé des trésors d’ingéniosité pour faire bonne figure. Contre mauvaise fortune bon cœur.

Désarçonné par la tournure des événements avec un allié turc faisant face à de difficiles échéances électorales, un deuxième allié saoudien embourbé dans une guerre au Yémen, poursuivi de surcroît par la malédiction de La Mecque avec la chute d’une grue sur un des bâtiments du sanctuaire et l’étouffoir de Mina (soit un millier de morts et près de 1.200 blessés), l’homme a offert son bien le plus précieux, son verbe, un verbe démonétisé tant par lui que par son diplomate en chef, Laurent Fabius, le ronfleur émérite des forums internationaux : de « Bachar el-Assad ne mérite pas de vivre sur terre », à « le Front al-Nosra fait du bon boulot en Syrie », jusqu’à la « neutralisation » de Bachar el-Assad.

Soixante ans après la défaite militaire de Dien Bien Phu (1955) et la défaite diplomatique de Suez (1956), la France, dans ses deux versions néo-gaulliste et socialiste, en perte de vitesse, passe pour être la grande perdante de la recomposition en Syrie, tout comme elle l’a été trois mois auparavant avec la conclusion de l’accord international sur le nucléaire iranien... Errare Humanem Est, Perseverare Diabolicum.

A l’ombre du drapeau de la Palestine, la grande oubliée de ce forum international, pour la première fois hissé devant le palais de verre de Manhattan – tout un symbole – la 70ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies a constitué sans nul doute le sacre de la Russie, comme pivot d’un jeu multipolaire avec comme solide soutien l’Iran et Cuba, les deux grands vainqueurs de l’épreuve de force contre le bloc atlantiste.

René Naba pour Russia Today

Russia Today. Moscou, le 30 septembre 2015.

* René Naba est journaliste-écrivain, ancien responsable du Monde arabo-musulman au service diplomatique de l’AFP, puis conseiller du directeur général de RMC Moyen-Orient, responsable de l’information, membre du groupe consultatif de l’Institut Scandinave des Droits de l’Homme et de l’Association d’amitié euro-arabe.
Auteur de :
 « L’Arabie saoudite, un royaume des ténèbres » (Golias),
 « Du Bougnoule au sauvageon, voyage dans l’imaginaire français » (Harmattan),
 « Hariri, de père en fils, hommes d’affaires, premiers ministres » (Harmattan),
 « Les révolutions arabes et la malédiction de Camp David » (Bachari),
 « Média et Démocratie, la captation de l’imaginaire un enjeu du XXIme siècle » (Golias).)
responsable éditorial www.madaniya.info

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