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30 novembre 2010

Rapport National sur le Développement humain 2010
Développement humain en Argentine.

par Alfredo Zaiat

 

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Le Rapport national sur le Développement humain 2010 pour l’Argentine élaboré par le PNUD est une source de haut vol pour aborder les débats qui durant les dernières années se sont tenus dans un espace de confusion compte tenu de la dispute médiatico-politique (La Nacion et le Groupe Clarin/ le Gouvernement). L’objectif ambitieux, complexe et original de ce document de 180 pages offre deux conclusions frappantes :

1. Après la crise de 2001-2002, l’Argentine a fait l’expérience d’une croissance accélérée presque sans précédent dans son histoire économique et seulement comparable avec celle des économies les plus dynamiques.

2. Le développement humain en Argentine se trouve affecté par l’inégalité, mais celle-ci a eu tendance à être systématiquement réduite après l’explosion de la convertibilité. La perte de développement humain attribuable à l’inégalité, après avoir augmenté de 4,7 à 4,9 % entre 1996 et 2001, a diminué à 4,4 % en 2006 et à 4 % en 2009.

Récemment il y a eu une remise en question du système de statistiques publiques, qui a été endommagé à la suite d’une intervention calamiteuse mais nécessaire pour réformer l’Indec. La perte de crédibilité des chiffres officiels exige alors d’autres sources pour percevoir clairement l’état des choses. En cela le rapport du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) est fondamental pour neutraliser certains malentendus. En matière sociale cela semble essentiel parce que le discours conservateur a installé l’idée que rien n’a été amélioré et que l’on est en présence d’un panorama égal ou pire à ce qui existait pendant les années quatre-vingt-dix. Si c’était le cas, la politique actuelle serait la même que celle néolibérale de la convertibilité. Comme la statistique officielle a été décrédibilisée par la crise de l’Indec, et comme le soutien statistique des portes - drapeau de l’orthodoxie est le dessin de leurs ardents désirs frustrés, des documents alternatifs d’investigation de renommée universitaire locale et internationale viennent au secours de cette confusion délibérée.

Il y a une tendance enracinée chez la majorité des spécialistes de se concentrer exclusivement sur le revenu monétaire pour définir le degré de développement, d’inégalité et les niveaux de pauvreté. Bien qu’il s’agit d’un aspect central de l’analyse, les travaux du Prix Nobel d’Économie Amartyan Sen ont élargi ce critère, et aujourd’hui sont pris en considération l’expression la plus sophistiquée des sciences sociales pour ce qui concerne l’évaluation du bien-être humain et des objectifs du développement dans les sociétés. Ce point de vue prend en compte trois dimensions : jouir d’une vie longue et salutaire (santé), accéder à la connaissance nécessaire pour un bon développement social et de professionnel (éducation) et avoir un niveau de vie décent (revenu ou, dans une forme équivalente, croissance économique). Ces dimensions sont les objectifs basiques du développement humain, mais aussi ses moyens, puisqu’ils interagissent entre eux, phénomène que le rapport de la PNUD définit comme “dynamique du développement humain”.

Le processus serait le suivant :

 De meilleurs niveaux de santé rendent les personnes plus productives après avoir augmenté leur rendement physique et mental, et de meilleurs niveaux d’éducation facilitent le développement et l’adaptation de technologies qui mènent à une croissance économique soutenue.

 Une meilleure santé permet de meilleurs résultats scolaires et améliore les fonctions cognitives et, par conséquent, les possibilités d’apprentissage, tandis que des niveaux d’éducation plus élevés signifient une meilleure nutrition et prévention des maladies, et par conséquent une meilleure santé.

 La croissance économique génère un revenu plus élevé, qui permet une meilleure nutrition et un accès à des soins médicaux, et plus de ressources pour l’éducation et la formation.

C’est la dynamique vertueuse du développement humain. Mais cette dynamique ne dit rien sur l’égalité, aspect également fondamental.

En général, dans l’espace public on comprend le degré d’égalité d’une société par rapport à la répartition du revenu. En revanche, le PNUD considère que c’est une vision limitée du point de vue du développement humain. Par exemple, un pays peut avoir une forte croissance économique aux dépens de la santé de sa population.

Après avoir analysé la trajectoire du développement humain en Argentine durant les quatre dernières décennies, le rapport remarque qu’il fut « modérément positif », avec une évolution « moindre que celle souhaitable ». Tandis que la gestion moyenne du pays en matière de santé et d’éducation, bien qu’améliorable, fut dans la moyenne d’un groupe de pays comparables, la croissance économique a été volatile et a subi de fortes baisses . Son évolution a systématiquement été en dessous de celle des index de santé et d’éducation. « Ce fut l’économie, alors, qui a maintenu l’expansion du développement humain de l’Argentine en dessous de son potentiel », signale le document. Pour cette raison, c’est un facteur significatif de « consolider la croissance enregistrée à partir de 2003 avec un saut qualitatif », précise le rapport dans son deuxième chapitre, en ajoutant « qu’il est nécessaire de maîtriser la volatilité macroéconomique pour ne pas tomber dans des périodes d’accélération, et d’augmenter systématiquement la productivité et la qualification des ressources humaines, ce qui amène une croissance soutenue du produit, de l’emploi formel et du revenu par tête ».

Les chercheurs qui ont travaillé sur rapport ont souligné le parcours historique connu de l’Argentine comme pays qui s’est distingué pendant une grande partie du XXe siècle pour avoir été dans la région, la société la plus égalitaire et avec plus de mobilité sociale jusqu’à l’application de la stratégie néolibérale. Cela a commencé vers le milieu des années 70, avec des expériences économiques aux conséquences catastrophiques, et cela a atteint dans les années 90 son paroxysme. « Renversant cette tendance, l’inégalité du développement humain a eu tendance à être réduite après la crise de 2001-2002 tant au niveau national que provincial, grâce à la croissance économique accélérée et à l’ensemble de mesures de redistribution et de politique sociale de dimensions importantes », indique le PNUD.

De toutes façons, des différences persistent toujours à l’intérieur du pays. Les provinces au développement humain le plus élevé ont les plus faibles niveaux d’inégalité, tandis que celles de développement humain plus faible sont les plus inégales. Dans le document, il est souligné qu’alors que certains des provinces patagoniques (Santa Cruz et la Terre du Feu) et la ville du Buenos Aires présentent les taux de développement humain les plus élevés et une moindre inégalité, les provinces du nord-est présentent les taux de développement humain les plus faibles et le taux d’inégalité le plus élevé. Et de noter aussi qu’il s’agit d’une situation qui dure depuis des décennies, mentionnant l’existence « de pièges d’inégalité ». Cela signifie que la mauvaise santé des personnes limite leur réussite sur le plan éducatif, les faibles réussites sur le plan éducatif limitent leur revenu et à son tour le faible revenu empêche d’avoir une santé adéquate et d’investir dans une meilleure éducation.

Cet objectif multidimensionnel pour comprendre la question sociale et économique ne séduit pas le savoir conventionnel parce qu’il oblige à approfondir la remise en cause des structures de pouvoir qui reproduisent le retard et la marginalisation. D’autres spécialistes réduisent leurs analyses aux aspects monétaires, montrant ainsi qu’ils sont obsolètes par rapport aux études les plus récentes du développement humain.

Le rapport du PNUD est opportun parce qu’il montre les avancées importantes que le pays a enregistrées au cours des dernières années, mais aussi les défis qui se présentent. Après avoir insisté sur le fait qu’ « après le collapsus économique et social, l’Argentine a expérimenté une croissance économique accélérée », il conclut que « l’un de ses plus grands défis est de consolider cette croissance grâce à une avancée simultanée dans les domaines d’éducation et de santé et de continuer de réduire l’inégalité du développement humain. Les conditions existent et des réussites importantes ont été atteintes ».

Traduit de l’espagnol pour « El Correo » par  : Estelle et Carlos Debiasi

Document officiel : en espagnol.

Informe Nacional sobre Desarrollo Humano 2010.
Desarrollo humano en Argentina :
trayectos y nuevos desafíos

Rapport national sur un Développement humain 2010.

Développement humain en Argentine : trajets et nouveaux défis

Martín Santiago Herrero
Représentant du PNUD
et Coordonnateur du Système
de Nations Unies en Argentine.

***
Página 12 . Buenos Aires, le 27 novembre 2010.

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