recherche

Accueil > Les Cousins > Venezuela > Quelques enseignements de la victoire de Chavez au Venezuela

9 octobre 2012

Quelques enseignements de la victoire de Chavez au Venezuela

par Guillermo Almeyra *

 

Toutes les versions de cet article : [Español] [français]

La semaine dernière j’ai écrit un article sur les élections vénézuéliennes qui a été totalement confirmé par les résultats. Le peuple vénézuélien ne s’est pas laisser tromper et a voté pour la préservation de ses grandes conquêtes et pour l’avenir contre le retour au passé présenté comme le renouvellement.

Chávez a gagné en effet par une différence de 10 points. Bien qu’il obtient 54,66% des suffrages - non les 70 % qu’il présentait comme objectif - et il a eu 7.7 millions de votes - et non 10 comme il le proclamait - la différence est grande puisqu’il a obtenu presque un million et demi de votes de plus que ses adversaires du front de droite, le MUD, qui ont obtenu 6.3 millions de suffrages. Dans une élection à laquelle a participé pas moins de 81.6 % de l’électorat (n’ont pas voté seulement qui étaient vraiement empêchés) , il a conservé ses votes de 2006 (alors il avait obtenu 7.3 millions) mais l’opposition a gagné, compte tenu de plus de 4 millions aujourd’hui, 2.1 millions de votes de plus qu’elle a réussi à soustraire à l’abstention et au chavisme.

Les faits sont durs et têtus et celui qui ne peut pas les prévoir ne peut non plus se préparer à ce qui vient. Celui qui raisonne n’a pas de foi, disait San Agustín, qui en terme de foi s’yconnaissait. Ergo, qui a de la foi ne raisonne pas et n’est pas capable de séparer la volonté brûlante de continuer le processus révolutionnaire en Venezuela, qui est une partie très importante de l’actuel rapport de forces en Amérique Latine, de l’analyse froide des problèmes auquel est confronté ce processus. Celui qui croit cherche des leaders, des saints, une certitude et tout ce qui ressemble à la pensée critique ou qui sonne comme un « oui mais » de gauche lui semble aider l’impérialisme ». Il ne sait pas que « la vérité est révolutionnaire » et accuse de saboteur, de sceptique, d’agent ennemi celui qui lui montre que le chemin qu’il suit peut conduire au ravin. De cette façon l’acritique aveugle de la foi promeut le conservatisme et la bureaucratie – soit, précisément ce qui affaiblit les mouvements qui dépendent des leaders - et bloque la prise de conscience des travailleurs, qui sont la base principale d’appui et la garantie de ces leaders et des mouvements. Ceux qui confondent la politique avec la foi religieuse ou la passion du supporter de football n’aident en rien le leader qu’ils appuient ni le processus qu’ils disent servir. Ils sont plus papistes que le Pape. En effet, Chavez vient de corriger le tir, il a ciompris que pas toute la moitié du Venezuela d’oposition est contre-révolutionnaire et proimperialiste et il s’est rendu compte qu’il doit récupérer les votes populaires perdus et alors comme première mesure après son triomphe, il a offert une politique d’inclusion.

Ces élections ont été atypiques parce qu’en réalité c’était un plébiscite pour Chavez ou contre Chavez, dans lequel a aussi pesé la reconnaissance d’ un lutteur, malgré sa grave maladie, qui s’est battu de toutes ses forces pour préserver l’acquis et la solidarité a eu un rôle envers le malade qui lutte. Bien que Chavez fît une élection d’appareil, non pour faire réfléchir et moins encore pour organiser ses bases, on ne votait pas pour un parti mais en faveur ou contre un homme qui, pour tous, même ses adversaires, s’identifiait à un processus qui a éliminé l’analphabétisme, a réduit de moitié la misère et la pauvreté, a donné des services essentiels et une dignité aux plus pauvres et a mis le Venezuela en première ligne parmi les pays d’Amérique Latine. Bien qu’Hugo Chavez prenne comme exemples Perón ou le kirchnerisme, tous voient que, à la différence du premier, qui était un homme de droite, entouré de réactionnaires, un ami de tous les dictateurs de son temps, un militaire qui a fui en 1955 pour ne pas dépendre des ouvriers, à qui il a refusé de s’ armer contre les putschistes déjà vaincus, et un homme qui a impulsé les assassinats des bandes paraétatiques de l’Alliance Anticommuniste Argentine [AAA ou Triple A], et à la différence du kirchnerisme, né du rein du menemisme et du duhaldisme et dédié à préserver les gains des capitalistes et le système même, Chavez est un homme brave, qui joue sa vie pour le Venezuela plébéien, sans chercher de bénéfices personnels et bien que sa politique préserve le capitalisme il n’est pas pro capitaliste.

Mais lors des élections du 16 décembre, on ne votera pas pour Chavez mais on élira des gouverneurs. Les candidats chavistes n’ont pas été choisis par le peuple et ils n’ont pas l’autorité ni le prestige du commandant. C’est pourquoi, si celui-ci ne réagit pas et donne champ libre à la participation des bases et à l’élection libre de représentants, existe le danger que l’opposition, qui contrôle déjà des gouvernements importants, obtienne plus de positions parce que le reflexe d’auto-défense qui dimanche a conduit à un vote massif n’aura déjà plus la même force, et l’abstention ou la dispersion des votes dans les files bolivariennes pourrait aider l’opposition de droite unie, surtout si celle-ci maintient sa tactique et s’efforce de cacher son gorilisme mal dissimulé.

Chávez a un projet nationaliste et démocratique, nécessaire mais non suffisant, mais pas un projet socialiste. Le Venezuela dépend plus que jamais du pétrole et du marché des États-Unis. La corruption si odieuse a sa base dans le maintien du rentisme pétrolier et dans la bureaucratie de l’appareil étatique d’un pays capitalisto-dépendant. Le paternalisme asphyxie les organismes de masses et les soumet à l’appareil précité, en les châtrant. Chavez non seulement ne créé pas les conditions pour construire ses successeurs d’ici à 2019 ou avant même : il empêche aussi fondamentalement, avec sa confusion idéologique qui mélange Marx avec Jésus et Perón, et grâce à la centralisation du pouvoir, l’avancée politique, l’autogestion et l’auto-organisation de ses bases d’appui – ses vrais « successeurs » – qui sont la garantie de la poursuite du processus révolutionnaire. C’est ce qu’il faut commencer à corriger d’urgence d’ici le mois de décembre. Pour cela, iest indispensable, l’apport de la discussion ouverte et franche de ceux qui sont amis de la révolution.

Guillermo Almeyra
Mexique, le 8 octobre 2012.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi

El Correo. Paris, le 9 octobre 2012.

Contrat Creative Commons
Cette création par http://www.elcorreo.eu.org est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 3.0 Unported
.

Retour en haut de la page

El Correo

|

Patte blanche

|

Plan du site