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29 janvier 2003

Noam Chomsky dénonce l’empire américain au FSM 2003

 

Par Pascale Breton
La Presse
Porto Alegre, Brésil

Peu importe le pays dans lequel il donne des conférences, l’Américain Noam Chomsky fait courir les foules. Au Forum social mondial de Porto Alegre, quelque 18 000 personnes sont venues l’entendre.

Bien avant l’heure prévue pour le début de la conférence, les participants du FSM commencent à affluer vers le stade Gigantinho qui devient rapidement surchauffé. Sur le parterre et dans les gradins, plus un seul espace libre. Même les escaliers et les accès au bâtiment sont pris d’assaut. Il reste bien quelques places derrière la tribune, mais c’est uniquement parce que les haut-parleurs n’arrivent pas à cracher le discours avec assez de force pour qu’on puisse l’entendre correctement.

Tout en écoutant l’intervenant attendu et respecté leur parler des moyens « de combattre l’empire », les spectateurs agitent des papiers transformés en éventails d’occasion, cherchant un semblant de fraîcheur dans un mouvement synchronisé.

À l’ordre du jour, un tour d’horizon de la situation de quelques pays, notamment la Colombie et la Turquie et, bien sûr, la question d’une guerre possible en Irak et la campagne de peur et de propagande des États-Unis, affirme Noam Chomsky en parlant constamment de « l’empire ».

Un tel discours peut cependant devenir dangereux, note le président de la Fédération étudiante universitaire du Québec, Nicolas Brisson, également présent à Porto Alegre. « Ce discours fait preuve d’une antiaméricanisation qui n’est pas justifiée, croit-il. Il ne faut pas confondre le peuple américain avec la politique étrangère de l’administration du gouvernement Bush. Il faut faire attention de ne pas faire des Américains une cible unique, comme Bush le fait avec les pays qu’il a identifiés dans l’axe du mal. »

Au terme de l’activité, plusieurs participants restent d’ailleurs sur leur faim. Au moment du dévoilement du rapport des inspecteurs de l’ONU, certains auraient aimé que le conférencier se concentre davantage sur la question de la guerre en Irak. Le style très universitaire de Noam Chomsky, contrastant avec l’allure informelle et animée du forum, en ont déstabilisé plus d’un.

« Je ne comprends pas pourquoi il a parlé de façon aussi large. J’aurais aimé qu’il parle davantage de la situation aux États-Unis et de la paix », lance Ghislaine Raymond, de la Centrale des syndicats du Québec, participante au FSM.

Il faut dire que l’ambiance à Porto Alegre prédispose aux plus grands élans pacifiques. Pendant la conférence, de grandes banderoles frappées du mot Paz (paix) circulent dans le stade. Une grande manifestation contre l’empire et la zone de libre-échange est aussi prévue en soirée.

Plus tôt en après-midi, trois Palestiniens et trois Israéliens sont montés côte à côte sur la tribune pour l’ouverture de la conférence en lisant une déclaration commune. La chanson Imagine a par la suite résonné entre les murs de béton, symbole fort d’une guerre qui dure depuis trop longtemps entre les deux nations.

Dans son allocution, Noam Chomsky s’est tout de même attardé longuement sur les mouvements d’opposition à une guerre en Irak, mouvements en émergence au sein même de certaines élites américaines. La Ville de Chicago et l’Université du Texas - l’État du président George W. Bush - ont même adopté des résolutions se prononçant contre une guerre.

La population de plusieurs pays est elle aussi majoritairement opposée à une guerre. À ce sujet, M. Chomsky rappelle qu’il a fallu plusieurs années de guerre au Vietnam avant que les mouvements de protestation ne se fassent vraiment entendre, alors qu’à l’heure actuelle l’opposition se fait entendre même si les États-Unis ne sont pas en campagne, signe positif selon lui.

Cyberpresse.ca

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