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4 octobre 2012

Les lourdes contradictions du camp du « OUI »

par Francis Wurtz *

 

Pour le Président de la République, son gouvernement et la direction du Parti socialiste, le vote de ratification du traité budgétaire européen ouvre une période marquée par de lourdes contradictions.

D’abord,avoir été élus sur la base du « changement,c’est maintenant ! »,pour se retrouver,cinq mois plus tard, au côté de la droite sur un sujet aussi structurant constitue une faute qui, tôt ou tard,aura un prix politique.A plus forte raison sera-t-il sévèrement reproché aux dirigeants du pays la méthode -indigne de la gauche- qu’ils ont choisie pour atteindre leur objectif : à savoir la stratégie d’évitement de tout débat national sur les enjeux de civilisation que recellent ce traité et l’offensive de longue haleine des plus hautes autorités européennes dans laquelle ce texte s’inscrit. (« Le traité budgétaire, c’est le début » avait prévenu dès février dernier Mario Draghi,le président de la Banque centrale européenne, avant d’illustrer sa vision de l’avenir en reprenant à son compte les caricatures éculées sur ces « Européens (qui) pouvaient se permettre de payer tout le monde pour ne pas travailler » ! « Ce temps-là est révolu » avait-il lancé, ajoutant, pour être bien clair : » Le modèle social européen est mort. »)

Imposer dans ces conditions une ratification du traité par la voie parlementaire en ayant pris soin d’étouffer préalablement toute campagne d’information et de sensibilisation du pays, en particulier toute confrontation d’idées à même d’éclairer les enjeux de ce vote de nos représentants revient à infantiliser les citoyens pour mieux instrumentaliser leurs élus. C’est une mauvaise action contre la démocratie. Les députés et les sénateurs qui se seront pliés sans coup férir à cette manipulation auront contribué à nourrir la grave défiance populaire à l’égard de l’institution parlementaire. Attention,danger !

Par ailleurs, viendra (très rapidement),pour nombre de Françaises et de Français qui ont sincèrement crû à l’ambition annoncée par le candidat Hollande de « renégocier le traité »,puis à la satisfaction affichée par le Président élu d’avoir réussi à « engager la réorientation de l’Europe », l’heure du bilan concret. Dès 2013,les conséquences du budget d’austérité -conforme en tous points aux injonctions du traité budgétaire- révèleront à qui en douterait encore que cette politique conduit la France,comme les autres pays européens,dans une impasse dont on ne peut sortir qu’en changeant de cap. »Il est temps de se rendre à l’évidence : la rigueur ne marche pas » reconnaissait l’autre jour un éditorialiste ,pourtant libéral,tant les expériences tentées ailleurs sont dramatiques. [1] L’objectif de 3% de déficit public l’an prochain est « intenable » reconnaissait ,pour sa part,la semaine dernière,le…président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone,en personne,contredisant son Premier Ministre… quelques jours avant d’inscrire solennellement dans la législation française un texte visant à contraindre le pays à s’inscrire durablement dans cette logique mortifère !

C’est dire si les contradictions à venir s’annoncent explosives !Aussi ce vote ne marque-t-il pas la fin de l’Histoire. Poursuivons,amplifions,élargissons,dans les luttes sociales et sociétales comme sur le terrain des idées,les efforts visant à unir le « peuple de gauche », à partir de chaque expérience du quotidien, autour d’objectifs s’inscrivant dans la perspective de vrais changements.En France et en Europe. Les propositions du Front de Gauche se révèlent à cet égard d’une brûlante actualité !

Blog. Paris, 4 octobre 2012.

Notes

[1Jean-Marc Vittori. Les Echos 20/9/2012

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