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24 mai 2008

Le nouveau nationalisme patriotique Latinoaméricain et son intégration régionale.

par Juan Diego García

 

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La vague nationaliste qui parcourt l’Amérique Latine a comme complément nécessaire un processus d’intégration régionale. À ce nationalisme [au sens patriotique du terme] de nouvelles créations s’opposent non seulement les partisans du néo-libéralisme qui plaident de rejeter le national et préparent l’intégration avec les Etats-Unis, comme l’unique par l’intermédiaire pour de sortir de la pauvreté.

Les partisans créoles du néolibéralisme défendent l’ouverture commerciale, dédaignent comme désuète la manifestation ridicule et toute expression du nationalisme, ils parlent d’une supposée citoyenneté et d’une culture « mondiales », ils condamnent sans appel la défense des signes d’identité propres comme une attitude réactionnaire, pré moderne et insufflée par un indigénisme ridicule. En même temps, ils n’ont aucune difficulté à admirer la culture anglo-saxon et à accepter comme naturel que les Etasuniens déclarent être le peuple élu par l’Altissime, chantent attendris leur hymne national y compris dans la circonstance la plus anodine et exhibent leur drapeau presque avec obsession.

Le nouveau nationalisme latinoaméricain trouve sa meilleure expression dans le rejet généralisé de l’ALCA et des « Traités de libre Commerce » pour les avantages qu’ils accordent aux Etats-Unis tandis qu’ils sacrifient le travail national en le soumettant à une concurrence impossible avec les marchandises étrangères, et parce qu’ils dépassent largement les objectifs commerciaux, en compromettant la souveraineté elle-même. Ce n’est pas un hasard si beaucoup voient dans cette intégration avec les Etats-Unis un nouveau type de colonialisme qui condamne à une dépendance encore plus grande.

Mais Washington et ses alliés n’ont pas toutes les billes de leur coté.

Le nouveau nationalisme latinoaméricain s’est déjà traduit dans des projets d’intégration régionale qui cherchent à lieux défendre leurs intérêts communs face à des tiers ; un nouveau nationalisme qui est alors compatible avec un objectif d’unité et une vieille aspiration qui remonte même aux guerres d’indépendance. De fait, il y a eu davantage de liens entre leurs territoires qu’après, quand fut cassé le lien avec la métropole et que chacun s’est orienté vers les marchés mondiaux en ignorant ses voisins. Durant le siècle passé il y a eu déjà certaines initiatives d’intégration mais sans grand succès. Aujourd’hui, au contraire, tout indique que l’intégration régionale connaît des conditions plus favorables, en plus d’être une nécessité incontournable dans un panorama international complexe comme l’actuel qui transforme l’isolement national un suicide.

Pour donner un élan décisif à l’intégration régionale les gouvernements de la région se réunissent maintenant au Brésil, dans le cadre de l’Union des Nations Sudaméricaines - UNASUR- avec un programme ambitieux qui inclut des formes variées de coopération politique, commerciale, d’investissement social et de défense.

Lula propose que les nations de la région constituent un Conseil de Sécurité propre pour garantir la défense commune, précisément quand le Pentagone déploie la IVème Flotte dans les Caraïbes, hypothétiquement « pour combattre le terrorisme » (une excuse qui ne trompe personne). L’initiative du président du Brésil a une signification énorme et va dans la même direction que la proposition de Hugo Chavez de créer « l’Organisation du Traité de l’Atlantique Sud » - OTAS- reproduction évidente de l’OTAN, mais avec la seule présence des Sudaméricains.

Ces initiatives dans le secteur de la défense sont particulièrement sensibles. De fait, elles affecteraient en profondeur les traités militaires actuels avec les Etats-Unis, elles empêcheraient la présence de l’OTAN dans la région et correspond avec le départ des « gringos » de la base militaires de Manta en Équateur et le rejet généralisé de leur transfert en Colombie, justement à la frontière avec le Venezuela.

La Banque du Sud est déjà une réalité qu’a commencé à opérer comme alternative aux organismes de crédit contrôlés par les Etats-Unis et ses alliés, vu avec méfiance et jusqu’au rejeté ouvertement par beaucoup de gouvernements étant aux responsables des « Conseils » (impositions) qui ont porté à des crises économiques graves dans la région et ont provoqué des soulèvements populaires avec la chute de plusieurs gouvernements [et des centaines des morts].

Petrosur, une autre initiative du président Chavez, a non seulement des fondements économiques très solides mais permet une grande autonomie aux gouvernements, précisément sur une question clef comme l’énergie. Nombreux sont les projets d’infrastructure destinés à produire un véritable marché interne, ainsi que de vastes programmes d’investissement social en éducation, santé et alimentation, clés pour le développement économique.

Sans doute, ce ne sont moindres les difficultés qu’affronte l’intégration régionale. Il existe des inégalités considérables dans le degré de développement économique entre les pays, des asymétries régionales incommodes et des activités qui plus que de se compléter provoquent des concurrences non désirables. Il n’y a pas non plus d’harmonie entre leurs systèmes de gouvernement et les changements politiques peuvent causer des retards considérables. La construction d’infrastructures est souvent un défi titanesque imposé par la géographie même (par exemple, pour relier le Pacifique à l’Atlantique en ouvrant de nouveaux horizons commerciaux et en libérant d’immenses potentialités).

On ne doit pas non plus écarter les actions hostiles des multinationales qui essayeront de mettre des bâtons dans les roues de l’intégration (soutenues par la diplomatie de leurs gouvernements respectifs) ni moins encore les conflits locaux qui peuvent paralyser le processus. Le plus immédiat, est celui qui oppose la Colombie à l’Équateur, au Venezuela et Nicaragua ou les litiges limitrophes entre le Chili, le Pérou et la Bolivie, ou les différences entre l’Argentine et l’Uruguay pour le compte des usines de pâte à papier de multinationales [Finlande, de l’Union Européenne], ou entre le Brésil, l’Argentine et le Paraguay quand on révisera la distribution des bénéfices dérivés de l’énergie qu’ils produisent conjointement.

Mais aucune de ces difficultés constitue un obstacle insurmontable s’il existe une volonté politique et surtout si l’intégration est une nécessité impérieuse imposée par la réalité mondiale.

En effet, devant les processus de concentration des capitaux et des marchés il n’y a pas d’autre sortie que l’union des économies pour atteindre des échelles adéquates et résister au défi. Tous soumis à la concurrence féroce pour des ressources naturelles, ce serait un manque de bon sens d’essayer de faire face aux pays riches avec la faiblesse que suppose de négocier en solitaire et en étant menacés par ceux qui s’abrogent le droit d’intervenir militairement dans tout coin de la planète pour « promouvoir la démocratie » ou « défendre leurs intérêts nationaux ».

Rien de mieux que constituer des organismes capables de dissuader et de défendre ; exempts d’un développement scientifique adéquat, seul le travail conjoint garantit d’atteindre la masse critique suffisante pour dépasser le retard technologique. Victimes d’une avalanche d’une certaine culture poubelle provenant de la métropole, qui détériore et dégrade, le seul chemin est de chercher à renforcer l’ unité de ceux qui sont soumis aux mêmes menaces.

Le rêve unitaire du Libertador Simón Bolivar -la Grande Patrie- cesse d’être aujourd’hui un simple désir ou rêve de chefs idéalistes, pour se transformer en une réalité qui a tout le dessein d’être irréversible. Le nouveau nationalisme latinoaméricain, n’est ni exclusif, ni xénophobe, ni n’est nourrit d’aucun racisme. L’intégration non plus ne suppose pas la dissolution de ce qui est propre à chaque pays dans un amalgame informe, ni la perte des signes d’identité de chacun.

Les promoteurs politiques de cette initiative soulignent autant la nécessité impérieuse de l’intégration, comme tous ces éléments qui transforment l’histoire nationale de leurs peuples avec un destin commun, en commençant par leur passé partagé de pauvreté, soumission et dépendance et leurs aspirations au développement, dignité et autonomie nationale.

Tout indique qu’ils empruntent le bon chemin.

Traduction libre de l’espagnol pour El Correo de : Estelle et Carlos Debiasi

El Correo . Paris, le 23 mai de 2008.

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