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10 décembre 2014

Le niveau du Rouble fin 2014

par Jacques Sapir*

 

Les signes d’un nouveau ralentissement de la dépréciation du Rouble se multiplient. Il semble bien que les entreprises et les banques russes, confrontés à l’importance des remboursements d’emprunts à faire en décembre, ont massivement acheté du dollar, faisant baisser le rouble, dans les premiers jours de décembre. Cela expliquerait, sur un marché où du fait des sanctions américaines les liquidités en Dollar sont rares, l’évolution spectaculaire, mais non dramatique de ces derniers jours.

Graphique 1

Il convient à cet égard de bien regarder les évolutions des taux de changes.

Graphique 2

Taux de change du Rouble contre 6 autres monnaies. Indice 100 au 1er janvier 2014.

Source : Banque Centrale de Russie et calculs de l’auteur.

On peut vérifier cela avec le tableau suivant qui reprend les différentes valeurs des taux de changes depuis le début de cette année. On constate d’ailleurs que le taux de change après s’être déprécié jusqu’à la mi-mars s’est re-apprécié jusqu’en juillet 2014 avant de connaître une forte dépréciation durant l’automne :

Tableau 1

Evolution des taux de change en indice.

DateRoubles-1 U$SRoubles-1€Roubles-100 JPYenRoubles-1000 KR WonRoubles-1 Fr SuisseRoubles-1 BPD
29/01/2014 106,00% 105,10% 108,30% 103,70% 105,00% 106,80%
15/03/2014 112,20% 112,70% 115,70% 110,40% 113,80% 113,00%
09/07/2014 105,40% 103,90% 108,70% 110,00% 104,80% 109,50%
01/10/2014 120,60% 110,90% 115,60% 120,70% 112,60% 118,90%
12/11/2014 140,70% 126,60% 127,40% 135,60% 129,00% 135,20%
26/11/2014 137,71% 124,02% 122,52% 130,81% 126,48% 130,91%
04/12/2014 166,52% 149,29% 146,48% 158,11% 151,79% 157,78%
09/12/2014 163,23% 145,21% 141,14% 154,04% 147,77% 153,88%
Source  : Banque Centrale de Russie


On voit le saut extrêmement important du 26 novembre au 4 décembre, puis la stabilisation ultérieure. Pour l’ensemble des devises, le rouble s’est légèrement apprécié du 4 au 9 décembre. De même, l’écart entre le taux de change vis-à-vis du Dollar et des autres monnaies est important. Cela s’explique par l’ampleur des remboursements auxquels les entreprises russes (banques et entreprises industrielles) ont dû faire face dans cette période. Elles ont du acheter des dollars, ce qui a déstabilisé un marché des changes sur lequel le dollar se faisait rare en raison des sanctions.

Graphique

Paiements à Venir

Montant des paiements
Source
 : Banque centrale de Russie

On constate que la forte dépréciation du Rouble correspond à un pic dans ces paiements, mais que la situation va se détendre dès le début de 2015. Il est donc certain que le taux de change va inverser sa tendance au premier semestre 2015. La question est de savoir jusqu’à quel point. Si le Rouble se stabilise autour de 50 roubles pour 1 USD, l’inflation sera forte l’année prochaine et pourrait atteindre 12%. Si l’on assiste à une remontée des prix du pétrole et que le Rouble sa stabilise autour de 40-42 roubles pour 1 USD, la taux d’inflation pourrait n’être que de 10%. Néanmoins, ceci implique que la Banque Centrale de Russie surveille les établissements qui pourraient se livrer à des spéculations sur le taux de change, l’entraînant plus bas que ce qu’il devrait normalement être. La menace a été très précise lors de la déclaration de politique générale faite par Vladimir Poutine devant les parlements le 4 décembre.

Pour spectaculaire qu’elle ait été, la dépréciation du Rouble ne met nullement en cause la stabilité financière de la Russie. La balance commerciale reste excédentaire, avec un solde d’environ 10 milliards de dollars par mois. C’est amplement suffisant pour faire face aux paiements à venir. Le budget profite en réalité de cette dépréciation, ce qui devrait permettre au gouvernement de dépenser un peu plus en 2015. Notons qu’avec un taux d’inflation de 10% par an, même si la croissance en volume du PIB était nulle, il faudrait un déficit budgétaire de plus de 10% pour que le rapport dette/PIB se détériore. La Russie va donc rester un des pays les moins endettés du monde, ce qui n’est pas nécessairement un avantage et montre qu’à la condition de s’endetter en interne le pays dispose d’un fort potentiel pour investir et se développer.

Jacques Sapir pour RussiaEurope

RussiaEurope. Paris, 9 décembre 2014

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