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3 septembre 2012

Le Venezuela face aux présidentielles 2012

par Guillermo Almeyra *

 

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Bien sûr, gagner les prochaines élections et conserver la présidence de la République mais aussi la majorité à l’assemblée est évidemment la principale condition pour continuer le processus bolivarien. Chávez doit gagner – et il le fera – pour porter un nouveau coup à la droite affaiblie et à la pression des États-Unis qui reprendra une fois la bataille électorale étasunienne terminée, que gagne Barack Obama ou, avec encore plus de raison, si gagne le caverneux Mitt Romney.

Mais la droite, qui dispose de l’appui de plus d’un tiers de l’électorat, n’est pas composée seulement par des oligarques et des fascistes. De vastes pans de la classe moyenne et même des ouvriers voteront aussi pour elle parce qu’ils sont mécontents à cause de l’insécurité, la corruption dans l’appareil étatique, l’imposition de candidats au sein PSUV (qui manque d’indépendance et qui est un instrument bureaucratique gouvernemental) et de l’aspect vertical dans l’adoption de toutes les décisions. Ces ouvriers et gens de la classe moyenne pauvres ne sont pas des contre-révolutionnaires ni des agents de l’impérialisme, comme leurs candidats et principaux dirigeants, mais ils sont conservateurs et néolibéraux, et donc le processus bolivarien, au lieu de les mettre dans le même sac que ceux qui travaillent pour revenir au passé, devrait essayer de les gagner à sa cause ou de les neutraliser, pour les séparer de ceux qui aujourd’hui les conduisent à la catastrophe.

Ceux qui votent pour Chávez ne sont pas, en même temps, aveugles devant les problèmes dérivés de la corruption, du verticalisme, de la bureaucratie, de la conduite militaire d’un processus qui exige, en revanche, la plus vaste participation décisive de la population, la pleine discussion des diverses options possibles pour les grands problèmes, le contrôle populaire des travaux et des institutions. Parmi eux il y a des centaines de milliers qui se sont mobilisés, ont fait les grèves qui ont été réprimées et s’opposent à la forme d’élection des candidats, souvent autoritaires et des bureaucrates, et à l’asphyxie de la démocratie de base, mais, cependant – pour une maturité politique, – ils voteront Chávez contre la droite nationale et internationale sans se laisser tromper par la propagande pseudo-gauchiste des loups déguisés en agneau qui suivent Cardiles.

Les élections devraient être l’occasion de favoriser leur auto organisation et leur politisation, parce que la base du chavisme est la garantie de préservation du processus bolivarien, de même qu’elle fut la force qui a battue dans les rues les putschistes par sa mobilisation quand le coup d’Etat a viré Chavez.

Au lieu de présenter une candidature indépendante et antichaviste, comme celle d’Orlando Chirino , syndicaliste combattif, séparant les socialistes des chavistes, la gauche révolutionnaire aurait dû travailler aux côtés des chavistes partisans du socialisme pour renforcer l’auto organisation des travailleurs et, quand la droite aurait été battue, présenter bataille dans de meilleures conditions contre le verticalisme et les bureaucrates et technocrates qui attendent la disparition de Hugo Chávez pour contrôler l’appareil étatique. Parce que les grandes batailles se livreront après octobre.

D’un côté, parce que l’échec électoral de la droite lui laisse seulement le chemin du coup d’Etat (qu’elle ne peut pas faire aujourd’hui) ou de l’assassinat de Chávez et l’oblige à courtiser la droite bureaucratique chaviste pour le postchavisme. En effet, l’autre possibilité – une invasion depuis la Colombie – est restée jusqu’à maintenant écartée ou reléguée par le triomphe de la diplomatie cubaine et vénézuélienne qui a pacifié la frontière colombienne-vénézuélienne, après avoir ouvert le chemin pour la paix entre le gouvernement de Bogotá et les FARC et l’ELN, ce qui sert comme prétexte aux militaires de droite colombiens et aux États-Unis pour toutes les provocations et, en même temps, on encourage le retour sur leurs terres de centaines de milliers de paysans déplacés, qui s’affronteront aux paramilitaires et aux narcos.

D’un autre côté, parce que Chavez, par son décisionisme n’a pas permis le développement d’une équipe révolutionnaire qui peut le remplacer, et au contraire, il a donné du pouvoir aux conservateurs et aux gens de droite qu’il considère loyale à sa personne, comme Diosdado Cabello et d’autres. Le bonapartisme ouvre toujours le chemin à la transition bureaucratique vers la contre-révolution ; c’est pourquoi, pour éviter ce danger, la victoire électorale devra donner les bases pour que le peuple vénézuélien crée et développe son propre pouvoir de base face à ceux qui veulent seulement l’avoir comme masse de manœuvre et le remplacer.

Les élections sont un mélange entre un processus démocratique et légal de résolution des conflits, une lutte aigue de classes déguisée et à moitié pleine, et une bataille au sein même du processus bolivarien entre une caste bureaucratico-technocratique qui prend appui dans le gouvernement, Hugo Chavez qui agit d’une manière bonapartiste et, enfin, la pression populaire pour construire des éléments de pouvoir populaire. L’évolution du prix mondial du pétrole, qui détermine les marges dont dispose le gouvernement de Chavez et l’évolution de la santé du commandant lui même, sont deux éléments incontrôlables et qui continueront d’avoir un grand poids dans l’évolution du processus bolivarien après les élections d’octobre. Parce que si le prix du pétrole tombait à cause d’une moindre consommation mondiale due à la crise, la bataille pour la distribution des revenus entre les différentes classes et secteurs va s’aiguiser et, si la maladie du président s’intensifiait en 2013, la lutte pour le remplacer mettrait à l’ordre du jour une alliance entre la droite chaviste et le secteur le plus négociateur de l’opposition pour contrôler le pouvoir dans une espèce de coup d’État non sanglant et bureaucratique. C’est pourquoi il est fondamental d’utiliser les élections pour semer des idées socialistes, pour augmenter la politisation et la conscience des travailleurs et du peuple, construire un pouvoir populaire en luttant pour le triomphe de Chavez mais sans se subordonner au chavisme bureaucratisé.

La Jornada. México, le 2 septembre 2012.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi

El Correo. Paris, le 3 septembre 2012

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