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30 octobre 2006

L’Australie, ou le bushisme océanien

 

Le Forum des îles du Pacifique s’est ouvert mardi aux îles Fidji, sur fond de crise diplomatique entre Canberra, les îles Salomon et la Papouasie Nouvelle-Guinée. Ces deux nations condamnent une attitude arrogante de l’Australie dont l’interventionnisme dans la région ne cesse de grandir.

Par Constance Jamet
Marianne
. Le 26 octobre 2006.

Haro sur l’Australie. C’est dans une atmosphère glaciale que s’est ouvert le 37ème Sommet annuel du forum des îles du Pacifique aux Fidji, après que la Papouasie Nouvelle-Guinée et les îles Salomon aient qualifié l’Australie de terreur de la région et de nation arrogante, vis à vis de ces archipels voisins démunis, véritables confettis étatiques (à l’exception de la Nouvelle-Zélande).

Au cœur de cette brouille diplomatique, Julian Moti, le procureur des îles Salomon. Cet avocat australien, ami personnel du Premier ministre des îles Salomon Manasseh Sogavare, est soupçonné d’avoir commis des abus sexuel sur mineur au Vanuatu en 1997. Au grand dam de Canberra, il a pu échapper à l’extradition en se réfugiant dans l’ambassade salomonaise de Port Moresby, la capitale de la Nouvelle-Guinée, qui l’a rapatrié secrètement par avion aux îles Salomon. Dès lors, le gouvernement libéral du très bushiste John Howard n’aurait cessé de se livrer à des mesures de rétorsion dignes d’une puissance colonialiste, selon l’interprétation des gouvernements des deux îles.

L’Australie a rompu ses contacts ministériels avec la Papouasie Nouvelle-Guinée et conditionné ses aides aux îles Salomon - 600 millions de dollars versés en 3 ans - à une lutte accrue contre la corruption. Pour marquer le coup, des policiers australiens ont perquisitionné la semaine dernière le bureau de Manasseh Sogavare pour y saisir un fax, qui apporterait des renseignements sur la cachette de Julian Moti. Pour le Premier ministre des Salomon, c’est une attaque claire contre la souveraineté de son pays. Canberra a préféré la manière forte plutôt que la voie diplomatique.

Cet accident renforce les tensions qui existent entre les deux nations depuis l’arrivée en 2003 du contingent international de sécurité RAMSI. Les Iles Salomon, qui s’enfonçaient dans le chaos, avaient demandé une aide à la communauté internationale pour ramener l’ordre dans l’archipel. Bien accueillie au départ, la mission dirigée par l’Australie et la Nouvelle-Zélande est de plus en plus contestée depuis que les troupes se mêlent d’opérations mains propres, au risque pour les Australiens d’outrepasser leur mandat. Un phénomène de plus en plus fréquent.

En 1999, son armée intervenait au Timor-Oriental. Depuis le 11 septembre 2001, l’Australie affirme ses prérogatives et multiplie les actions dans son « arrière cour » du Pacifique Sud, délaissée après la guerre froide. Une réponse aux influences grandissantes du Japon, de l’Europe, de la Chine et de Taiwan. Cette reconquête a été encouragée par les Etats-Unis : John Howard est un allié de poids pour Georges Bush (l’Australie a envoyé des soldats en Irak) dans sa guerre contre le terrorisme, ne serait-ce qu’à cause de la proximité du pays-continent avec une Asie du sud-est très remuante (islamisme radical, trafic d’armes et de drogue). On se souvient que l’Australie avait payé le prix fort, avec 88 de ses ressortissants tués dans l’attentat de Bali en 2002.

Les espoirs d’une domination de la région reposent sur le « Pacific Plan », visant à instaurer dans les dix ans une communauté économique et politique entre les 16 nations du forum. Avec des stratégies communes en matière de politique énergétique, d’éducation, de programmes de santé, de protection de l’environnement. Or ce cadre, s’il convient parfaitement aux deux "grands" que sont l’Australie et la Nouvelle Zélande, est moins adapté aux fragiles économies de leurs minuscules voisines. Gageons, hélas, que dans ces régions australes ignorées des médias, David ne pèsera pas lourd face à Goliath…


Réaction angélique :

Le 26 octobre 2006 par Moana

J’ai bien peur que Constance ne se laisse emporter par ses très corrects sentiments, très européens, très ligue des droits de l’homme. Or, ce dont elle parle, c’est du Pacifique sud. Une région à la violence très ancrée, à la corruption maladive, aux travers souvent dénoncés, rarement condamnés. L’Australie est le poumon financier de la région, composée de plusieurs milliers d’îles aussi ingérables qu’incontrôlables.

Or, ce que l’Australie ne souhaite pas, c’est réaliser le néo-colonialisme français en Afrique, avec des gouvernements corrompus, à la solde des desideratas français, poussiéreux restes d’une époque heureusement révolue.

L’Australie a, je pense, une réelle notion d’altruisme, qui se traduit par une aide financière conséquente qui n’est jamais devenue un chantage aux petites nations indépendantes.

L’Australie ne veut pas d’une immigration galopante des populations océaniennes : elle souhaite développer les ressources, l’économie, l’éducation, en un mot l’équilibre des nations insulaires du Pacifique sud pour ne pas voir déferler les pauvres d’une région délaissée des grand ensembles mondialisés.

Or, si les gouvernements de ces pays détournent dynamismes, initiatives et pensions pour leur compte, alors la paupérisation d’un possible paradis sera irréversible. Avec toutes les conséquences que l’Afrique et l’Europe subissent aujourd’hui de leurs rapports biaisés.

En vous remerciant de votre attention.

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