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28 juillet 2016

L’Argentine heurte deux fois le même Iceberg.
Et bien sûr les mêmes causes produisent les mêmes effets.

par Javier Lewkowicz

 

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Pour la fondation néolibérale Fundación de Investigaciones Económicas Latinoamericanas (FIEL), la production industrielle empire mois après mois. En juin, on a atteint le point le plus bas de l’année, avec une baisse de 8,2 % et aussi la plus forte baisse depuis les 16 derniers mois. La détérioration est généralisée et se creuse à cause des mesures du Gouvernement.

La production industrielle a reculé en juin de 8,2% par rapport au mois de juin 2015 et elle a enregistré sa cinquième baisse de l’année, avec une progression seulement au mois de février à partir de la liquidation de la récolte, conformément à l’Indice de Production industrielle [fichier joint plus bas] publié hier par la Fundación de Investigaciones Económicas Latinoamericanas (FIEL). Pratiquement tous les secteurs ont connu un mauvais exercice, même si on note des baisses à deux chiffres dans l’industrie mécanique, la sidérurgie, la chimique et plastique. L’organisme d’inspiration néolibérale a calculé que la chute de la production de l’industrie au cours du premier semestre du gouvernement de Cambiemos [Néolibéral et au pouvoir depuis décembre 2015] a été de 3,6%. Le tableau noir pour l’industrie s’explique en partie par la situation internationale défavorable, par le dérapage du Brésil, mais aussi par la politique économique interne, qui a rapidement refroidi le marché intérieur, en retirant la stimulation de l’État dans plusieurs secteurs et en ouvrant les importations.

L’année a commencé pour la FIEL avec une diminution industrielle de 2%, suivie par une hausse de 3,9% en février, très liée à la liquidation de la récolte devant la dévaluation brutale et la réduction des taxes sur les exportations. À partir de là, pour le groupe de réflexion qui est le plus idéologiquement lié au macrisme, la situation est allée de mal en pis : en mars la baisse a été de 1,7% ; en avril, de 6,8% ; en mai, 4,9% et la dernière donnée, celle du mois de juin [2016], de -8,2%. Cette dernière chute est la plus marquée des 16 derniers mois. La tendance est à la détérioration des conditions industrielles, secteur qui a un fort impact sur le reste de l’économie. Au deuxième trimestre, l’activité industrielle a baissé de 2,3% par rapport au premier trimestre, sans tenir en compte des facteurs saisonniers. C’est pourquoi, la prophétie sur laquelle a insisté le Gouvernement à propos du deuxième semestre de croissance est restée morte et enterrée et en ce moment tous les économistes corrigent leurs calculs à la baisse. La FIEL elle-même dit que « à court terme les perspectives continuent sans changements, la phase récessive se prolongeant et demeure étendue à la majorité des secteurs ».

Le secteur qui a montré la plus forte baisse est l’automobile, avec une chute de 19,9% en juin en comparaison annuelle. Selon les données sectorielles de l’Association des constructeurs automobiles (Adefa) qui dans son Rapport sur l’activité industrielle annuelle argentine. Juin 2016 [l’Espagnol - English] indique qu’en juin [2016] 41 655 unités ont été fabriquées, ce qui s’ajoute à dix mois consécutifs de baisse. Durant le premier semestre 224 038 véhicules ont été produits, une baisse donc de 14 % par rapport à la première moitié de l’année passée. Le principal motif qui explique cette situation est la baisse des ventes au Brésil. Les producteurs d’automobiles ont exporté en juin 14 472 véhicules, soit 47,1 % de moins que l’année dernière à la même époque, qui a dépassé largement l’augmentation de 9,2 % des envois aux concessionnaires locaux. En tous cas, cette augmentation découle en partie de la vente de voitures importées, qui a progressé plus que l’évolution du marché interne.

Deux autres secteurs qui ont connu de fortes chutes sont associés en partie à l’industrie automobile. Le secteur sidérurgique a chuté de 14,3 %. Notamment la production d’acier qui a baissé en juin de 16,2 % par rapport à l’année précédente et affiche au semestre une diminution de 15,4%. « La crise du secteur résulte d’une offre excédentaire au niveau mondial, de la chute du prix international du pétrole, de la récession au Brésil et d’une moindre demande des entreprises locales de la chaîne de l’industrie mécanique », explique la Chambre Argentine de l’Acier.

La chute de la demande de la chaîne de l’industrie mécanique à laquelle fait référence l’organisme qui regroupe des entreprises comme Techintet Aluar s’explique par la baisse de la consommation à la suite de la détérioration du salaire réel, après la dévaluation et l’explosion inflationniste, et aussi à cause de l’ouverture des importations qui a déplacé la production nationale. Selon la Confédération Argentine de la Moyenne Entreprise (CAME), les ventes d’appareils électroménagers (qui utilisent de l’acier) a baissé en juin de 19,2%. La FIEL a calculé une chute de l’activité mécanique de 9,8% qui touche des fabricants de biens de production et les constructeurs auto entre autres.

Le secteur des minerais non métalliques a progressé de 0,4 % en juin, grâce à quoi il a limité sa chute semestrielle de 4,1%. Il s’agit du secteur qui produit des éléments pour la construction, activité qui selon l’Indice Construya (les entreprises les plus importantes du secteur) est tombé en juin de 21,3 %. Dans ce contexte, l’une des mesures adoptées par le Gouvernement a été la modification du plan Procrear, qui était un aiguillon du secteur ces dernières années, pour qu’il n’intègre pas la construction de nouveaux logements mais se concentre sur le marché immobilier. L’INDEC révèle une chute de la construction de 10,9 % entre janvier et mai en comparaison avec la même période en 2015.

Le secteur chimique et plastique est tombé de 12,8%, tandis que le tabac de 6,5%. Sont restés relativement stables les combustibles (-0,5 %) et la pâte à papier et le papier (-1 %). Dans le secteur textile, l’activité en juin a baissé de 0,4 % et a progressé de 0,3% pendant le semestre selon FIEL, une donnée qui attire l’attention des entrepreneurs du secteur, qui ont passé un semestre noir avec la baisse des ventes entre 10 et 20 % et alors que les importations ont augmenté. L’INDEC a souligné dans son rapport d’avant-hier Echange Commercial Argentin. Juin 2016, que tandis que les importations en général ont baissé au semestre de 5,8 %, les importations de biens de consommation ont monté de 10,2 % (22,2% en valeur absolue, sans que soit prise en compte la baisse de prix) dans le cadre d’un marché interne déprimé. L’un des secteurs les plus affectés par les importations est donc le textile, situation encore plus délicate maintenant que le Gouvernement a donné l’autorisation du service « porte à porte », que les entrepreneurs de maroquinerie ont qualifié comme « encore un coup aux pymes  » (voir en bas : « Une production déplacée »).

Enfin, le secteur de l’agroalimentaire après le boom initial du à la dévaluation et la réduction des taxes à l’exportation, a enregistré une chute de 5,6 % en juin, terminant le semestre avec une diminution de 0,5%. Ce secteur est affecté par les importations, spécialement les économies régionales.

Une production déplacée

« La production locale de pièces détachées automobiles à ce moment de l’année montre une chute de 10% par rapport à 2015 », a remarqué hier Juan Cantarella, directeur général de l’Association des Usines Argentines de pièces détachées (AFAC). Le représentant de la chambre patronale a remarqué que la contraction de la fabrication locale s’explique par le recul soutenu de la demande brésilienne et par la forte augmentation de l’entrée de produits importés. « La croissance du marché intérieur ne s’est pas traduit par l’accompagnement de la production locale, mais a été couverte par une augmentation très importante des importations, ce qui se répercute sur le secteur des pièces détachées automobiles », a souligné Cantarella en référence aux conséquences de l’ouverture commerciale en route depuis la mi-décembre qui se répercute aussi sur la production locale de voitures. Bien qu’il n’existe pas encore de scénario de crise de l’emploi dans le secteur, le directeur de l’AFAC a considéré hier qu’il sera « très difficile de maintenir la totalité des postes face à la poursuite de cette situation de forte chute du niveau d’activité ».

L’investissement, une illusion

L’ l’investissement a enregistré une chute de 5,3% en juin par rapport à l’an dernier et une baisse de 4,2 % au premier semestre, comme, le souligne l’Étude Ferreres (Voir ci-joint plus bas). Le détail du rapport mentionne que l’investissement dans la construction a été celui qui a enregistré le plus grand recul, après une baisse de 12,8% le mois dernier et de 9,6% sur la première moitié de l’année. La société de conseil de la city (on appelle la city en Argentine le secteur financier étranger et local) a exposé que le faible développement du secteur découle des politiques d’ajustement fiscal du Gouvernement, ce qui équivaut à une récession induite par l’équipe économique gouvernementale elle même.

« Depuis le début de l’année l’évolution de l’investissement réel a été le reflet de la trajectoire que montre l’activité de la construction, qui se trouve en net recul dans un scénario où le secteur public augmente les efforts pour réaliser une politique fiscale contractive. Dans ce sens, il faut souligner que bientôt, l’activité pourrait montrer des signes de reprise à partir de quelques signes venant des travaux publics », a-t-il indiqué. Les investissements n’ont pas été l’élément unique de chute parmi composants de la demande ajoutée ces derniers mois, d’où ressort la forte réduction de la consommation du secteur privé et la diminution des exportations.

Le pari de l’équipe économique était de retrouver les niveaux d’activité économique à partir de l’aiguillon des investissements, après la hausse de la rentabilité de secteurs concentrés de l’économie par la dévaluation et la réduction des taxes à l’exportation, entre autres. Mais la réponse du marché, qui a suivi un processus notable d’incertitude en matière des prix et de volatilité des changes dans la première moitié de l’année, n’a pas été celle attendue par le Gouvernement. Les annonces d’investissement étranger direct dans ce qui relève de la gestion ont été presque identiques à celles enregistrées les années précédentes, tandis que des secteurs comme la construction progressaient de 6,5% en 2015 et maintenant enregistrent une baisse de plus de 12%.

Javier Lewkowicz* pour Página 12

Títulos originales :
El segundo semestre es peor que el primero
(Le deuxième trimestre pire que le premier)
NO ARRANCA
(Cela ne démarre pas

Página 12. Buenos Aires, le 28 juillet 2016.

*Javier Lewkowicz Économiste et journaliste argentin spécialiste en commerce extérieur et intérieur et industrie. Il écrit pour le journal argentin Page 12 et il est éditorialiste de la Revue Turba

Recherche de documents, traduction et édition pour El Correo de la diaspora de : Estelle et Carlos Debiasi.

El Correo de la diáspora. Paris, le 28 juillet 2016.

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