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26 février 2004

Images Économiques du Monde 2004 : l’Amérique du Centre et du Sud

 

Images économiques du monde 2004
(voir à la suite, détails sur l’Amérique du Centre et du Sud, texte de Christian Girault)

L’édition 2004 contient plusieurs contributions sur les pays d’Amérique latine :

 Claude COLLIN-DELAVAUD : Pérou,
 Louis DUPONT : Aléna, Mexique,
 Christian GIRAULT : Amérique du Centre et du Sud, Colombie, Costa Rica, République Dominicaine, Salvador, Venezuela,
 Claudio JEDLICKI : République Argentine, Brésil, Chili, Uruguay.

Un bilan complet des événements politiques, économiques et sociaux de l’année écoulée. S’appuyant sur des données chiffrées précises, les analyses rédigées par des spécialistes sont à la fois source d’information et de questionnement.

L’ouvrage s’ouvre sur un dossier traitant d’un thème majeur dans les événements de l’année et qui fait débat, L’Europe à 25 : les paradoxes de l’élargissement. Les traits fondamentaux des pays entrants ansi que les problématiques liées à l’intégration sont clairement mis en perspective. Puis les articles sont regroupés en six parties :
 Les hommes : une étude démographique mondiale ;
 Les ensembles régionaux : une analyse économique et politique ;
 La France et ses régions : une présentation générale et par grands thèmes socioéconomiques ;
 Les pays : un bilan annuel des principaux États du monde ;
 Les produits : les données de la production agricole et industrielle ;
 Les flux et les services : des informations sur les échanges de marchandises et de capitaux, les places financières et les entreprises.

La richesse informative, la fiabilité des données, la structure claire, le vocabulaire accessible à tous, le traitement synthétique de l’information font de ce livre un outil indispensable pour ceux qui veulent comprendre l’actualité internationale.


AMERIQUE DU CENTRE ET DU SUD

Par Christian Girault
CNRS-CREDAL

- Un recul notable. Les résultats économiques pour cette grande Région, qui réunit de fait plusieurs groupes de pays, sont mauvais en 2002 et nettement en retrait par rapport aux prévisions . Un véritable « effondrement » s’est produit dans deux pays importants, la République argentine et le Venezuela. Le premier a entraîné dans sa chute la République d’Uruguay, ainsi que, partiellement, le Paraguay voisin. Le groupe MERCOSUR en est particulièrement affecté. Peu de points brillants dans le tableau : le Pérou qui a connu une année faste de rattrapage, certains pays des Caraïbes qui bénéficient du tourisme, de zones franches industrielles actives la République dominicaine en est le meilleur exemple - . Ainsi la conjoncture relativement favorable des années 1990 apparaît déjà lointaine et cette Amérique-là retombe dans un point bas du cycle. Le PIB de la Région a reculé de 0,5% selon la Commission Economique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (CEPALC), ce qui correspond à une baisse de 1,9% par tête.

Les problèmes structurels demeurent : la trop forte dépendance par rapport aux exportations de produits agricoles et de matières premières, dont les prix sont déprimés en période de ralentissement économique dans les pays industriels, un taux d’épargne trop faible, une main-d’œuvre relativement mal formée et une attitude souvent peu responsable des dirigeants politiques et économiques (corruption). Les tensions politiques - élections amenant au pouvoir de nouveaux venus dont les programmes sont incertains, mais aussi rebellions, émeutes, guerres larvées entretiennent l’attentisme. Les problèmes de sécurité publique ne laissent d’inquiéter. La criminalité souvent liée au trafic de stupéfiants - est en hausse : les homicides, les enlèvements contre rançons, les mauvais traitements sont courants dans de nombreux pays, à tel point qu’il est plus facile désormais de pointer les pays plus calmes (Costa Rica, Chili, certains Etats du Sud du Brésil).

 Un problème d’image. La qualité de « pays émergents » n’est plus toujours reconnue pour ces pays qui déçoivent, tandis que leur attrait touristique faiblit à l’exception des stations de la Caraïbe dont le prestige demeure -. Le flux d’investissements directs a baissé sur un an de 84 à 57 Md de dollars et le bilan net pour 2002 est négatif ( - 39 Md de dollars). Dans le Cône sud, des sociétés étrangères, espagnoles, françaises ou nord-américaines, qui ont perdu beaucoup d’argent à la suite de la dépréciation de leurs actifs, cherchent à se désengager . Les groupes industriels - les constructeurs automobiles qui possèdent des usines flambant neuves, par exemple - tentent, eux, de se maintenir, en attendant des jours meilleurs. Le tourisme international connaît un repli important, à cause des incertitudes économiques et de la marche à la guerre au Moyen-Orient. Peu de pays réussissent à tirer leur épingle du jeu (Bahamas, Costa Rica). La dévaluation des monnaies dans le Cône Sud permet de prévoir une « ouverture » touristique pour le Brésil, la République Argentine et le Chili, dont les services redeviennent compétitifs. Par contre, le tourisme régional a beaucoup souffert et les stations argentines ou uruguayennes tournent au ralenti.

 Un espoir du côté du Brésil. Dans un continent où la gauche a toujours eu des difficultés à s’affirmer face aux éléments conservateurs, l’arrivée au pouvoir du président Luiz Inácio da SILVA - dit Lula -, dirigeant du Parti des Travailleurs (PT), modifie nettement le paysage politique (janvier 2003). En effet le Brésil, premier pays de cette Région par la population et la production, paraît à l’heure de la régionalisation le seul capable de peser sur l’avenir de l’Amérique du Sud et d’orienter les efforts d’intégration. Le gouvernement de Lula, favorable à des mesures populaires, peut entraîner une dynamique sociale, dont l’exemple aurait un écho au-delà du périmètre national. Minoritaire à l’Assemblée, le Parti des Travailleurs est obligé de passer des alliances qui rassurent à l’intérieur comme à l’extérieur. Les premières déclarations de Lula, dans le sens d’une lutte contre la famine et la malnutrition, un fléau qui touche le Brésil mais aussi plusieurs autres pays de la Région, ont été bien reçues. Ce gouvernement dispose à l’évidence d’un capital de confiance qui rejaillit positivement sur la Région. En effet Lula est à l’heure actuelle le seul dirigeant d’Amérique du Sud à même d’entreprendre des initiatives diplomatiques, dont les pays industrialisés Union Européenne, Etats-Unis, Japon devront nécessairement tenir compte.

 Le libre-échange continental. Les négociations sur la Zone de Libre- Échange des Amériques (ZLÉA en français, ALCA en espagnol et en portugais, FTAA en anglais) entrent dans une phase importante puisque le traité devrait être signé en 2005. Des incertitudes ont été levées du côté nord-américain dans la mesure où le Président des Etats-Unis a obtenu en août 2002 l’autorisation de procéder par « la voie rapide » (Trade Promotion Authority), ce qui simplifie largement la tâche de l’Exécutif . Le ministre américain du commerce, R. ZOELLICK, fait montre d’un dynamisme remarquable mais des résistances au libre-échange sont toujours fortes au Congrès, dans les syndicats et dans la société civile. Du côté latino-américain, les gouvernements ont des positions souvent discordantes. Les pays d’Amérique centrale « poussent » l’intégration commerciale et ont commencé à négocier un accord de libre-échange séparé avec les Etats-Unis, le CAFTA, selon le sigle en anglais. La Colombie et la République Dominicaine sont également très demandeurs. Les autres pays des Caraïbes cherchent à obtenir des concessions en raison de leur fragilité spécifique. Le groupe MERCOSUR cherche à obtenir une position de négociation favorable en s’alliant avec les pays de la Communauté des Nations Andines (CAN). En dernière analyse, c’est de la capacité du Brésil à représenter les intérêts des pays de l’Amérique du Sud face à une éventuelle position maximaliste des Etats-Unis que dépendra le sort de la ZLÉA. Quant au Chili, il a signé en 2002, séparément, un large accord avec les Etats-Unis, portant sur le commerce mais aussi les services (accord ratifié en 2003).

 Un modèle discutable. Pour beaucoup d’analystes le modèle économique préconisé pendant les dernières décennies la « version latino-américaine du consensus de Washington » -, appuyé sur les privatisations, les dérégulations, le retrait de l’Etat, paraît remis en cause. L’idée que l’ouverture aux capitaux étrangers accompagnée de réformes libérales « suffirait à stimuler la croissance et à générer les recettes en devises nécessaires au remboursement des engagements extérieurs » est bien morte (Ministère des Finances.

Marchés émergents N°25, janvier 2003). Les dettes accumulées ajoutées à la perte de compétitivité par rapport à la zone asiatique, qui gagne des parts de marché dans certains secteurs manufacturiers, représentent un cocktail inquiétant pour l’Amérique du Sud. En 2002, le « Forum Social Mondial » s’est réuni à nouveau à Porto Alegre (Rio Grande do Sul, Brésil) avec la participation de 80 000 personnes, pour dénoncer le capitalisme mondial et crier « qu’un autre monde est possible ».


Images Économiques du Monde 2004

Ouvrage cartonné de 367 pages édité par ARMAND COLIN, 21 rue du Montparnasse
75006 PARIS, ISBN : 2 200 26606 5.

Les Images Economiques du Monde qui en sont à leur 48ème année, ont été fondées par J. BEAUJEU-GARNIER et sont publiées sous la direction du Professeur A. GAMBLIN.

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