recherche

Accueil > Empire et Résistance > Organismes et ONGs de domination > Fin du consensus de Washington : quand le FMI veut faire peau neuve.

8 avril 2011

Fin du consensus de Washington : quand le FMI veut faire peau neuve.

par Estelle Leroy-Debiasi *

 

Un virage à 180 degrés dans la doctrine du FMI. Sans doute pas, mais une volonté de faire croire qu’il y a un avant et un après crise.

Dans un discours, intitulé « global challenges, global solutions », devant la George Washington University, le 4 avril dernier, Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI a déclaré qu’on vivait « un moment très unique » dans l’histoire.

La crise financière a dévasté l’économie globale avec des conséquences lourdes et de la souffrance de part le monde. Mais plus : cela a aussi dévasté les fondations intellectuelles de l’ordre économique du dernier quart de siècle.

Et d’expliquer notamment : « Avant la crise nous pensions que nous savions comment bien gérer les économies ». « Ce Consensus de Washingtonavait un nombre de mantras de base ; des règles simples de politique monétaire et fiscale garantiraient la stabilité ». Et force est de constater qu’avec la crise tout cela a été balayé ! « Le consensus de Washington est maintenant derrière nous » explique DSK à son auditoire. « La tâche pour nous est de reconstruire les fondements de la stabilité… ».

Et d’exposer que cette reconstruction repose sur trois principaux piliers, nouvelles approches des politiques économiques, nouvelle approche de la cohésion sociale, nouvelle approche de la coopération et du multilatérisme. Les pays « victimes » des dogmes du FMI ces dernières décennies seront sûrement contents de l’entendre !

Puis DSK de se lancer dans un discours sur ce que doit être la nouvelle approche de la politique macroéconomique. Constatant que sous l’ancien paradigme toute politique monétaire prenait garde à l’inflation et la croissance. « Mais c’était trop simple ». Puisque la crise, comme le rappelle le DG du FMI, a montré que « les événements locaux peuvent avoir des répercussions globales ».

Conclusions : « en dessinant un nouveau cadre macroéconomique pour un nouveau monde, le balancier va bouger -au moins un peu- du marché vers état, et du relativement simple vers le relativement plus complexe », explique DSK. Et de souligner que « La nouvelle gouvernance globale doit aussi faire plus attention à la cohésion sociale ».

Et oui, au FMI on reconnaît que la globalisation a sa « face obscure », un écart croissant entre les riches et les pauvres s’est fait jour, l’inégalité ne cesse d’augmenter. Et il semble qu’avant la crise les perceptions de l’institution aient été altérées ! « Le cocktail létal d’un fort chômage prolongé et d’une forte inégalité peut mettre à l’épreuve la cohésion sociale et la stabilité politique, qui à son tour affecte la stabilité macroéconomique ». Voire même que l’inégalité a du être une des causes « silencieuses » de la crise.

Alors quand on se tourne vers l’avenir le directeur général du FMI en convient : « Nous avons besoin d’une nouvelle forme de globalisation, une forme plus franche de la globalisation, une globalisation avec un visage plus humain ». Et de poursuivre un peu plus loin. « Les bénéfices de la croissance doivent être plus largement partagés, pas seulement captés par quelques privilégiés » .

Il faudra donc aussi une nouvelle approche du multilatéralisme. Car que la crise nous a apprise c’est que la coopération n’est pas négociable pour la stabilité. « La globalisation doit être vue comme un effort commun ». Les pays « doivent résister à à la tentation d’attirer le business en assouplissant la régulation du secteur financier ou en sapant la protection sociale ».

Vœux pieux ? Pourtant le FMI ne préconise t-il pas encore aujourd’hui des cures très rigoristes qui justement vise la protection sociale, comme en Grèce.

En tous cas, à l’avenir les choses devraient changer : DSK le croit : « Nous devons refléter l’économie du 21 ème siècle. C’est pourquoi la reforme de la gouvernance du FMI est si importante ». Témoin, la progression du nombre de voix détenues par les pays émergents. Brésil, Chine, Inde, et Russie étant dans le « top ten ».

El Correo. Paris, le 8 avril 2011.

Contrat Creative Commons
Cette création par http://www.elcorreo.eu.org est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 3.0 Unported.

Retour en haut de la page

El Correo

|

Patte blanche

|

Plan du site