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12 décembre 2007

Déformation de l’image d’un pays : Venezuela : Et maintenant, Quoi ?

 

Les médias espagnols comme les français sont au service des oligarchies et n’admettent aucun changement de société dans le monde.

Par Carlos Fernández Liria *
Redes Cristianas
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Espagne, 10 de décembre 2007.

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Un journaliste demanda un jour à Einstein qu’il lui explique en quelques mots ce qu’était la théorie de la relativité. "Pouvez-vous d’abord m’expliquer ce qu’est un œuf frit ? " lui répondit-il. Le journaliste acquiesça déconcerté. "Très bien", dit Einstein, "Alors, expliquez-moi ce qu’est un œuf frit mais en supposant que je n’ai aucune idée de ce qu’est un œuf, que je n’ai jamais vu une poule dans ma vie et que je ne sais ni ce qu’est une poêle ni de l’huile ".

Dans les milieux de la communication on a tellement menti au sujet du Venezuela - et menti d’une manière unanime et orchestrée - qu’il est devenu presque impossible d’expliquer sur le sujet. Il est impossible d’argumenter quoi que ce soit quand il y a trop de mensonges au milieu. Ceux qui avons essayé de balbutier quelque chose dans certain débat télévisé, où ceux qui, simplement, nous sommes impliqués à discuter quelquefois avec quelque lecteur du "El País" ou du "El Mundo" ou avec un spectateur du journal télévisé, nous avons eu la sensation de nous trouver dans une situation infiniment plus gênée que ce journaliste interrogé par Einstein.

C’est comme tenter d’expliquer ce qu’est un œuf frit à quelqu’un qui sait parfaitement qu’un œuf est une châtaigne, qui considère comme démontré que les poules sont des kangourous, quand tu dis " poêle " ils entendent immédiatement "trompette" et que par huile bouillante ils entendent "glace à la vanille".

Pour dire seulement une parole sur le Non à la Réforme Constitutionnelle, par quoi dois-je commencer ?

 Par tenter que soit respecté le fait démocratique que Chávez avait gagné les élections ?
 Par démontrer qu’au Venezuela il y a division de pouvoirs, liberté de presse et liberté d’expression au point qu’une chaîne comme RCTV, qui avait participé activement au coup d’État et qui s’était rendue célèbre pour ses appels au crime, non seulement elle n’a pas été interdite et ni même son directeur emprisonné mais qu’elle continue d’émettre sur le câble sans aucun problème ?
 Que le système de calcul des votes dont les médias n’ont pas arrêté de dénoncer comme étant " suspect " a été légitimé par tous les observateurs internationaux, y compris Jimmy Carter ?
 Ou essayer d’expliquer aux auditeurs de la Cope [radio espagnole] que les 3000 morts du " caracazo " [ensemble d’émeutes à Caracas] l’ont été en 1989 et qu’ils n’ont pu l’être comme le dit Jiménez Losantos la conséquence de la tentative téméraire du coup d’État de Chávez (en 1992) ?

La tentative d’expliquer les choses est encore plus difficile. Tout est perdu d’avance lorsqu’il s’agit de parler avec une personne qui non seulement est entièrement convaincue qu’un ouf est une châtaigne, mais qu’en plus et en même temps, elle ne voit aucun problème à ce qu’il soit un ouf.

Au sujet du Venezuela, c’est certain, que depuis longtemps, non seulement il n’y a plus de honte mais également il n’y a plus de principe de non contradiction.

Il y a sept ans une personne cultivée et très au courant (et qui de plus paraissait sincère), un cadre supérieur d’une banque espagnole qui faisait des transactions avec le Venezuela, m’avait expliqué qu’ils étaient préoccupés parce que Chávez était un dictateur. Je lui ai demandé pourquoi était-il aussi sûr de cela, puisqu’il avait proprement gagné les élections.

Il a douté un instant et il m’a sorti que "oui" mais "que c’était évident qu’il n’avait pas l’intention de renouveler d’autres élections".

Cela même le transformait à cet instant en dictateur. Si je ne me trompe pas, durant les sept années qui nous séparent de cette conversation, Chávez a appelé à six élections électorales, y compris celle qu’il vient de perdre.
L’autre jour, je parlais avec deux collègues dans l’Université. À eux deux ils totalisaient trois carrières, un grade de docteur et deux concours réussis, à savoir, un niveau culturel bien plus haut que la moyenne. Ils étaient d’autre part, spectateurs et lecteurs normaux et réguliers de nos journaux télévisés et notre presse écrite. Les deux étaient persuadés que si le Oui à la Réforme gagnait, Chávez resterait élu à vie, sans l’obligation de se représenter à nouveau aux élections. C’est ce qu’ils avaient entendu dans les médias.

Maintenant, le "caudillo" Chávez, le "dictateur" qui a concentré dans ses mains un "pouvoir absolu" (El País, 3-12-2007), a affronté la défaite de la Réforme avec ces paroles : "maintenant les vénézueliéns et les vénézueliénnes devons avoir confiance en nos institutions. À ceux qui ont voté pour ma proposition et à ceux ont voté contre, je les remercie et je les félicite parce qu’ils ont pu vérifier que c’est ce chemin-là. Sachez gérer votre victoire, regardez-la mathématiquement. Ce n’est pas que je vous la donne, c’est vous qui l’avez gagné j’espère que vous oublierez pour toujours les sauts dans le vide, des chemins de la violence, de la déstabilisation ".

Ainsi donc, la question ne semble pas être si Chávez acceptera le résultat du référendum. La question est, par exemple, si les médias espagnols accepteront que Chávez l’ait accepté. S’ils reconnaîtront que tous les mensonges et tous les mensonges qu’ils ont sortis durant des années au sujet de absence de démocratie au Venezuela n’avaient aucun fondement.

S’ils reconnaissent maintenant, au moins, que le système de vote électronique était légitime. S’ils l’acceptent et respectent une fois pour toutes - il n’est jamais trop tard - le résultat des élections électorales antérieures, dans lesquelles Chávez a obtenu la victoire et si, tout autant, ils arrêtaient d’encourager depuis l’Europe l’opposition putschiste vénézuéliénne.

D’ailleurs, il n’y a aucun motif pour être optimiste. L’opposition vénézuelienne ne se résignera pas à obtenir des urnes ce que les urnes lui ont donné. Ils ne se résigneront d’aucune façon aux cinq ans de mandat constitutionnel qu’il lui reste encore à Chávez. Ils clameront qu’il n’y aura pas de démocratie tant que Chávez ne renoncera pas. Et les médias espagnols continueront l’excitation. Tout l’enthousiasme médiatique qui avait couvert le coup d’État de 2002 se concentrera sur une nouvelle recette : la révolution orange.

* Carlos Fernández Liria est professeur titulaire de Philosophie dans la ’Université Complutense de Madrid’.

Traduction de l’espagnol pour le Collectif Venezuela 13A par : Esteban

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