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14 avril 2010

Condor : Nouveaux documents déclassifiés
Kissinger savait et a laissé faire

 

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Les documents montrent qu’en 1976 le secrétaire de l’État étasunien Henry Kissinger a donné l’ordre aux ambassades des Etats- Unis dans la région de ne pas intervenir dans les crimes qui alors se commettent dans le cadre du Plan Condor.

Actions taken

Les documents montrent qu’en 1976 le secrétaire de l’État étasunien Henry Kissinger a donné l’ordre aux ambassades des Etats- Unis dans la région de ne pas intervenir dans les crimes qui alors se commettent dans le cadre du Plan Condor.

Le 16 septembre 1976, seulement quatre jours avant que le ministre des affaires étrangères de Salvador Allende, Orlando Letelier, ne mourût dans un attentat à Washington, le Secrétaire d’État, de l’époque, Henry Kissinger, a donné l’ordre aux ambassades des Etats-Unis dans la région de ne pas intervenir. Des documents déclassés ont démontré que le gouvernement des États-Unis savait que le Plan Condor existait et ce que celui-ci signifiait. « des rumeurs existent de ce que cette coopération dépasse l’échange d’information et inclut des plans pour assassiner des subversifs, politiciens et des personnalités , tant dans les frontières des certains pays du Cône Sud que en dehors de celles-ci », a écrit Kissinger lui-même dans un câble secret à la fin d’août de la même année. Deux semaines après, sans une explication, le chef de la diplomatie de l’époque, et de Gerald Ford et Prix Nobel de la Paix s’est dédit et a ordonné de ne pas intervenir.

« Instruisez simplement les ambassadeurs pour qu’ils ne prennent pas de mesure », a-t-il ordonné à son subalterne, Shlaudeman, dans un autre câble maintenant déclassé, qu’il a écrit depuis Lusaka, capitale de la Zambie, où il était en visite officielle.

Beaucoup de documents restent encore à déclasser pour pouvoir compléter l’histoire de ce qui est arrivé il y a presque 34 ans. Mais les câbles secrets publiés hier par les Archives de Sécurité Nationale (NSA, par ses initiales en anglais) ont confirmé certains des soupçons, par exemple, que la Maison Blanche était au courant depuis le commencement, à propos du Plan Condor et des violations systématiques des droits de l’homme commises par les dictatures latinoaméricaines dans les années soixante-dix. Dans le câble de fin août 1976, Kissinger se montrait préoccupé sur la façon dont les assassinats de hauts dirigeants affecteraient l’image internationale des dictatures sud-américaines. Dans le cas argentin, son souci était particulier. Ce type d’activités aurait un impact négatif sur l’image de l’Argentine à l’étranger en général et, en particulier, sur les efforts de refinancement externe de Martínez de Hoz.

Pour éviter de plus grandes critiques de la communauté internationale envers ses alliés sud-américains dans la Guerre Froide, le Secrétaire d’État a envoyé un câble aux ambassadeurs des Etats-Unis à Buenos Aires, Montevideo, Santiago et La Paz pour qu’ils transmettent leurs craintes directement aux dictateurs ou aux commandants des Forces armées du moment : Jorge Rafael Videla, Jules César Vadora, Augusto Pinochet et Hugo Banzer.

La réponse des quatre ambassadeurs a été presque la même, comme cela découle du rapport qu’a présenté plus tard l’homme de Kissinger pour l’Amérique Latine, Harry Shlaudeman. Aucun ne voulait blesser les « sensibilités » des dictateurs. L’ambassadeur à Montevideo, Ernest Siracusa, est arrivé même à admettre qu’il craignait que sa vie pût être en danger s’il augmentait les questions au commandement militaire. Pour le faire, ils demandaient un appui direct de Washington.

Kissinger a pris plus de deux semaines pour répondre et il l’a fait par un ton très différent de celui qu’il avait utilisé à la fin du mois d’août. « Il n’y a pas eu plus de rapports durant ces dernières semaines qui indiquent une intention d’activer le Plan Condor », a dit le secrétaire d’État en même temps que l’instruction de ne pas agir est donnée dans le câble depuis la Zambie. L’ordre est arrivé aux ambassadeurs le 20 septembre.

Un jour après la nouvelle leur est arrivée depuis Washington. L’ex-ministre des affaires étrangères du président chilien assassiné Salvador Allende, Orlando Letelier, et sa secrétaire de 26 ans, Ronni Karpen Moffitt, ont été assassinés, alors qu’ils étaient en voiture sur l’avenue Massachusetts, dans la capitale des Etats-Unis. Des années après, les investigations ont démontré que la bombe qui a fait sauter le véhicule a été placée par un agent de la DINA, les services secrets de Pinochet. La dictature chilienne n’a jamais reconnu sa responsabilité dans ce crime et le responsable, Michael Townley (suspect aussi d’avoir placé la bombe qui a tué l’ex-commandant chilien Carlos Prats et sa femme à Buenos Aires en 1974), marche libre dans les rues des Etats-Unis, grâce au système de protection de témoin.

Pour Peter Kornbluth, l’un des analystes de NSA, l’organisation qui a déclassé les documents et qui les a publiés dans sa page Web, les documents ont révélé le vrai rôle qu’ ont joué les États-Unis dans l’histoire du Plan Condor : « Maintenant nous savons ce qui s’est passé : le Département d’État a à temps fait un effort pour empêcher des assassinats dans le Cône Sud et Kissinger sans explication l’a fait avorter ».

Traduction par Carlos et Estelle Debiasi pour El Correo

Página 12 . Buenos Aires, 11 avril 2010.

***

Documents NSA</U>

 Document 1 - Department of State, Cable, « Operation Condor », drafted August 18, 1976 and sent August 23, 1976.

Documento 1

Ce câble signé par le Secrétaire d’État [Ministre des Affaires étrangères] Kissinger reflète une décision du département pour l’Amérique Latine du Ministère des affaires étrangères par laquelle on essaie de freiner les actions de l’Opération Condor dont il est connu qu’elle est en cours de réalisation, surtout celles en dehors de l’Amérique Latine. Kissinger a prié instamment les ambassadeurs en Argentine, Chili et Uruguay de rencontrer dès que possible dans leurs pays respectifs le chef d’État ou le fonctionnaire de plus haut rang pour lui transmettre directement un message connu dans le langage diplomatique comme une « démarche » (1). Il (s’) ordonne [demande] aux ambassadeurs qu’ils communiquent aux fonctionnaires précités que le gouvernement des Etats-Unis a été informé que l’Opération Condor a dépassé l’échange d’information et qu’elle pourrait « comprendre des projets d’assassinat d’éléments subversifs, politiques et de personnalités remarquables dans des certains pays du Cône Sud mais aussi au-delà de ses frontières ». De plus, les ambassadeurs devaient faire part du « profond souci » du gouvernement des États-Unis à propos de ces révélations et souligner, d’être certains, qu’ « ils causeraient un très grave problème de caractère politique et moral ».

(1) « avertissement formel » cf. http://archivoschile.org/

- Document 2 - Department of State, Action Memorandum, Ambassador Harry Schlaudeman to Secretary Kissinger, « Operation Condor », August 30, 1976.

Documento 2

Dans sa note à Kissinger en date du 30 août 1976, Schlaudeman a fait connaître la posture étasunienne face aux plans d’assassinats planifiés dans l’Opération Condor : « Ce que nous essayons d’éviter est une série d’assassinats au niveau mondial qui pourraient gravement affecter le statut social international et le prestige des pays impliqués ». La note de Shlaudeman sollicite l’approbation de Kissinger pour que l’on donne des instructions à l’ambassadeur américain en Uruguay, Ernest Siracusa, de rencontrer de Hauts fonctionnaires à Montevideo afin de présenter la démarche Condor.

- Document 3 - Department of State, Cable, « Actions Taken », September 16, 1976.

Actions taken

Dans ce câble, envoyé par Kissinger depuis Lusaka, où il se trouve en voyage, le Secrétaire d’État [Ministre des Affaires étrangères] se refuse à autoriser l’envoi d’un télégramme à l’Ambassadeur des Etats-Unis en Uruguay, Ernest Siracusa, dans lequel on lui demanderait de poursuivre avec la démarche Condor. Kissinger élargit ainsi ses instructions pour empêcher la communication de la démarche au Chili, Argentine et Uruguay : « Le Secrétaire a ordonné qu’on ne réalise plus d’actions à ce sujet ». Avec ces instructions on met fin effectivement à l’initiative du Département d’Etat de conseiller aux régimes militaires de l’Opération Condor de ne pas mener d’actions d’assassinats à un niveau international, étant donné que d’un autre côté la démarche n’avait pas été communiquée ni au Chili ni à l’Argentine.

- Document 4 - Department of State, Cable, "Operation Condor," Septmber 20, 1976

Documento 4

Le 16 septembre, le conseiller de Kissinger, et Sous-secrétaire d’État pour les Sujets Interaméricains, Harry Shlaudeman, a reçu des instructions pour désamorcer la démarche Condor. Trois jours plus tard, étant au Costa Rica, Shlaudeman reçoit un autre câble — qui est toujours secret — de son adjoint, William Luers, sur comment donner un suivi a la démarche. À ce moment des événements, le 20 septembre, Shlaudeman demande à Luers de « donner des instructions aux ambassadeurs [étasuniens] pour qu’ils ne réalisent plus d’actions en considérant que depuis déjà quelques semaines il n’y avait pas eu de rapport indiquant une intention d’activer le schéma Condor ».

Le plus infâme des « schémas » de l’Opération Condor fut exécuté le jour suivant quand une bombe que les services secrets chiliens avaient installée sous sa voiture coûte la vie à l’ex-diplomate chilien, Orlando Letelier, dirigeant de l’opposition à Pinochet, et à sa jeune collègue étasunienne de 26 ans, Ronni Karpen Moffitt, au centre de Washington DC.

- Document 5 - Briefing Memorandum, Ambassador Harry Schlaudeman to Secretary Kissinger, « Operation Condor », October 8, 1976.

Documento 5

Dans sa note du 8 octobre à Kissinger, dans la quelle il transmet un rapport de la CIA à propos d’une conversation avec le Colonel Contreras, Schlaudeman explique que « selon mon avis, l’action de maintenir le contact avec Contreras semble être suffisante pour le moment » puisque « les Chiliens sont les principaux instigateurs dans l’Opération Condor ».

Traduction Carlos et Estelle Debiasi pour El Correo

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