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10 août 2019

Argentine : Un pas en avant !

 

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Dimanche prochain (demain) les élections primaires [PASO] offrent l’occasion unique de ne pas entrer dans « le cercle le plus brûlant de l’enfer qui est réservé à ceux qui dans des temps de crise morale optent pour la neutralité » et d’initier le processus de changement du fléau qui détruit l’Argentine depuis le 10 décembre 2015.

La catastrophe économique, sociale, institutionnelle, politique et culturelle du macrisme doit être freinée avant qu’il ne soit trop tard et le recul intégral et la décomposition de la société argentine croise une ligne fatidique de non retour qui condamne les générations suivantes à vivre dans un pays cruellement injuste et, surtout, sans avenir. La clique gouvernante a mis en marche un plan dont le succès, pour ses mentors et ses exécuteurs, est indubitable : avec fureur et ils ont méthodiquement pillé l’Argentine (puisque cela fut ce qu’ils sont venus faire) et si pour le pays ce fut une catastrophe, pour eux ce fut une bénédiction.

Ils se sont enrichis comme jamais et en peu de temps, tandis qu’ils plongeaient le reste dans la pauvreté, l’exclusion sociale et le désespoir. Les couches moyennes ont vu s’écrouler leur niveau de vie et évaporées leurs aspirations de progrès en même temps que les classes et les couches populaires plongeaient dans la misère. S’est aussi accrue l’impuissance des jeunes générations et des citoyens anciens, victimes d’un génocide social lent : la privation de vaccins et d’aliments pour les enfants et de remèdes, d’attention médicale et autres besoins essentiels pour les plus adultes plus âgées, voilà un génocide social soigneusement planifié. Une économie qui ne croit pas mais, qui au lieu, fait des fortunes fabuleuses pour les plus riches.

Les statistiques récentes montrent comment se sont enrichis les pontes du régime et leurs acolytes en même temps qu’elles illustrent comment ont augmenté la pauvreté et la chute des salaires réels et les retraites, c’est une photographie obscène et effrayante, c’est celle qui reflète d’une manière diaphane ce qu’est le capitalisme : une machine à fabriquer des pauvres et indigents, à produire de l’injustice, à favoriser les riches et les puissants et à opprimer les autres, en ayant recours à la manipulation « masse-mediatique » et, aussi, avec l’éloquence dissuasive des balles. On peut seulement tempérer ce vrai holocauste social s’il y a un gouvernement et un Etat qui fixent les règles qui mettent fin à ce larcin institutionnalisé.

Bien sûr que pour que cela se termine, il faudra aller beaucoup plus loin et avancer vers un horizon post-capitaliste, comme peu à peu, le font quelques pays nordiques où la santé, les médicaments, l’éducation et la sécurité sociale ont arrêté d’être des articles qui se vendent à un prix scandaleux pour devenir des droits universels. Ou comme le fait, dans notre région, ce Cuba traqué qui malgré soixante ans de harcèlement, continue d’avoir les meilleurs indices de santé publique de la région et presque du monde entier. Par conséquent, personne ne parle ici des « utopies » irréalisables. Si existent la force politique et la volonté nécessaires, on peut obtenir tout cela dans un délai historiquement bref.

C’est pourquoi ce dimanche (demain) il ne doit y avoir aucune confusion : il sera décisif d’administrer un échec contondant au macrisme, et de se préparer de cette façon à une victoire sans appel au premier tour qui aura lieu le 27 octobre. Pour cela il faudra concevoir notre vote de ce dimanche comme un instrument de lutte ; comme l’élémentaire fronde de David qui a renversé l’imposant et arrogant Goliath.Si nous rassemblons notre soutien à l’unique formule réelle de rechange du macrisme, le Frente de Todos (parce qu’il est déjà évident qu’aucun autre peut le faire) nous ferions un énorme pas en avant.

Et si en octobre nous arrivions à triompher nous devrions promouvoir tout de suite l’organisation et la conscientisation du secteur populaire pour que le nouveau gouvernement avance dans la direction correcte, sujet que j’aborderai dans une autre occasion. Si au contraire l’élection se termine avec un résultat incertain la machinerie de l’empire et ses acolytes locaux rendront très difficile, pour ne pas dire impossible, de prendre le dessus dans le ballottage.

Par conséquent la grande bataille se livrera ce dimanche. Et cela exige de laisser de côté tout particularisme, de nous libérer de tout narcissisme partisan et de faction et de reléguer les discussions de fond pour le moment où nous serons libérer de la peste macriste. Comme l’histoire médiévale l’enseigne, on ne discute pas des futurs possibles quand un petit village est attaqué par la peste bubonique et ses habitants sont enfermés dans leurs propres maisons. C’est la situation de l’Argentine aujourd’hui, si vous me permettez cette lugubre comparaison.

Finissons en donc avec la peste et asseyons-nous ensuite pour discuter à fond et sans anesthésie de comment reconstruire par des voies non capitalistes, et vers un horizon non capitaliste, une Argentine déchirée par le pillage macriste. Et ici personne ne peut faire le Ponce Pilate et se laver les mains, ou chercher refuge dans la catharsis de l’auto aide politique en se réfugiant dans la certitude présumée du dogme. Comme le rappelle Dante dans La Divine Comédie, « le cercle le plus brûlant de l’enfer est réservé à ceux qui dans des temps de crise morale optent pour la neutralité ». Personne ne devrait tomber ce dimanche dans cette tentation malsaine. Apprenons de ce qui nous est arrivé en novembre 2015.

Atilio Borón* pour son blog Atilio Borón

Atilio Borón, Buenos Aires, le 10 août 2019

Traduit de l’espagnol pour El Correo de la Diaspora par : Estelle et Carlos Debiasi

El Correo de la Diaspora. Paris, le 10 août 2019

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