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20 février 2009

Argentine :
Le collier de Marsans
Flirtant avec la corruption.

par Fernando Pino Solanas

 

Toutes les versions de cet article : [Español] [français]

Le collier par lequel la Couronne espagnole a honoré à la présidente Cristina de Kirchner, plus qu’une décoration, s’est plutôt trouvé être une laisse avec laquelle Marsans veut mener le pays là où il le voudrait. Le groupe délinquant qui a ruiné la compagnie aérienne Aérolineas Argentinas, et escroqué tant le gouvernement espagnol que le peuple argentin, se fait passer pour être la victime que notre pays doit indemniser en prenant à sa charge un contrat millionnaire d’achat d’avions.

L’épisode est si insolite et scandaleux qu’on a peine à le croire, sauf que nous sommes devant un nouveau conte espagnol : maintenant il en résulte qu’il ne fut pas suffisant que l’entreprise nationale Iberia et ensuite Marsans aient vendu tous les avions de la flotte d’ Aerolineas Argentines (AA), les bureaux dans toutes les grandes capitales du monde, aient déménagé les systèmes de navigation, vidé de leurs machines et des pièces détachées les réserves des ateliers, et déviait vers ses autres compagnies aériennes, Air Comet et Air Europa, le sauvetage par millions que le gouvernement espagnol lui octroyait en 2002 pour sauver AA, il reçut du gouvernement argentin un sauvetage de presque 1milliard pour les salaires et le combustible depuis juillet 2008, pour laisser l’entreprise en faillite avec un passif de 890 millions de dollars. Malgré cet enchaînements de délits sans que les différents gouvernements argentins ne le dénoncent, au retour du voyage à Madrid, on nous raconte la fable selon laquelle, pour éviter que Marsans se mette en colère et qu’il nous dénonce devant le tribunal du CIADI, il serait nécessaire de prendre en charge 50 % du contrat d’achat d’avions pour 5 milliards d’euros , contrat que pour approvisionner ses entreprises, Air Comet, Air Europa et AA, le groupe espagnol avait signé avec le consortium européen Airbus. Alors : pourquoi a-t-on convoqué le Congrès National, le Tribunal des Comptes et l’Audit Général de la Nation ? Leur conclusion établit que étant donné son passif, l’entreprise valait un dollar. Les gouvernements avaient toutes les raisons nécessaires pour attaquer le groupe Marsans devant le CIADI pour pillage et faillite frauduleuse.

Les entrepreneurs Antonio Mata, Gerardo Díaz Ferrán et Gonzalo Pascual Arias n’ont pas d’argument juridique pour mener une procédure parce qu’ils ont violé tous les accords. Nous sommes devant un conte fantastique : après l’une des histoires de pillage les plus grossières que nous ont laissé les privatisations dans des mains d’entreprises de la Couronne, il est honteux que le gouvernement argentin prétende qu’il doit prendre en charge une somme de plus 3,5 milliards de dollars que les entrepreneurs espagnols laissent comme reliquat. C’est le conte du voleur qui veut, pour faire un procès à sa victime.

Comme si c’était rien, la campagne médiatique de désinformation dit que c’est une bonne affaire de prendre en charge un contrat semblable, parce que le prix est excellent et que sinon, nous courrions le risque de rester sans avions. La vérité est autre : Marsans veut se défaire de ce contrat à cause de la baisse du marché aérien. Aujourd’hui il y a trop d’avions sur la place.

Le lecteur se demandera s’il est réellement nécessaire d’acheter 35 ou plus nouveaux avions. Aerolíneas a besoin de reconstruire sa flotte, mais personne n’a d’information digne de foi sur ses besoins réels. Aujourd’hui dans le monde, la tendance n’est pas d’acheter des avions, mais de les prendre en leasing. Des dizaines de sociétés approvisionnent le marché mondial et l’Argentine peut reconstruire sa flotte en louant, comme le font toutes les compagnies. Aujourd’hui la flotte de Aerolíneas Australe est louée : un Airbus ou Boeing pour du cabotage, en leasing, coûte près de 800 000 dollars de dépôt et 200000 dollars par mois.

Le sauvetage de Marsans nous rappelle le projet anti-national du TGV. Comme s’il s’agissait de l’achat de quelques colifichets madrilènes, on veut engager le pays avec plus d’endettement externe. L’ineptie du Gouvernement en matière de transports et de son responsable, Ricardo Jaime, a déjà fait perdre au pays des milliards de dollars en ne reconstruisant pas la flotte maritime, aérienne ou les chemins de fer. A la place, ils ont cédé pour la première fois le marché de cabotage aux lignes étrangères. Aujourd’hui, American Airlines, à travers Lan Argentina, a conquis 30 % du marché interne. Nous sommes l’un de six grands exportateurs de grains et 3 milliards de dollars sont perdus par an dans le fret maritime faute de flotte. Avec 3 milliards de dollars on pourrait impulser l’industrie navale, les chemins de fer et l’aéronautique nationale, en générant des dizaines de milliers de postes. Avec cette somme on peut reconstruire les trains de passagers interprovinciaux et des cargos ou investir la moitié de cette somme dans l’usine d’avions de Cordoba et la construction d’une flotte de 40 bateaux céréaliers de 30.000 tx chacun comme ce fut le cas pour l’Allemagne à Río Santiago à 25 millions de dollars chacun.

Un fort investissement en capital dans l’aéronautique se justifierait s’il impliquait une cession technologique et une mise en marche de notre industrie. Il faut penser à l’intégration latino-américaine à travers de grands projets, comme une grande ligne continentale, et avec l’entreprise brésilienne Embraer participer à la reconstruction de notre ligne nationale. L’opinion publique et les forces politiques et sociales doivent rejeter cette tentative de récompenser les voleurs au prix de nouveaux ajustements et de coûts élevés pour le peuple argentin. Dénonçons Marsans, mettons le collier et portons-le au CIADI.

El Correo . Paris, le 20 février 2009.

Traduction de l’espagnol pour ElCorreo de : Estelle et Carlos Debiasi

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