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30 janvier 2007

Après le Sommet de Rio, le Mercosur avance bien que cela ne plaise pas aux ogres habituels.

par Víctor Ego Ducro

 

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Ce fut le conclave présidentiel le plus important. Par ses décisions, par les promesses de nouvelles incorporations, parce qu’il a démenti les opposants de toujours.

Nous sommes habitués aux opérations de toujours. Les grands médias, par exemple, martèlent le même refrain, que le MERCOSUR est embourbé, que Lula est fâché avec Chavez, que Kirchner, que l’Argentine et l’Uruguay, et bla, bla, bla. Il ne manque jamais l’ineffable porte-parole du gouvernement des Etats-Unis qui cassent du sucre sur les réelles bien que non moins prévisibles et compréhensibles différences entre les participants d’un processus aussi riche et complexe que celui de l’intégration latinoaméricaine.

Tout cela arrive chaque fois qu’on s’approche d’un Sommet de chefs d’État ou de tout autre importante réunion du Marché Commun du Sud (MERCOSUR). Toutefois, quelques jours après la réunion qui s’est tenue entre jeudi et vendredi dernier, à Rio de Janeiro, pas même les ennemis plus acharnés de ce processus - dont la diplomatie des Etats-Unis est à la tête - ont réussi à masquer la réalité.

Le Sommet passé a probablement été, l’un des plus importantes de ceux qui ont eu lieu jusqu’à présent.

Parce que le MERCOSUR se prépare à atteindre son but, depuis que la Bolivie a pratiquement annoncé le début de ses démarches pour passer d’État associé à membre de plein droit.

Dans ce cadre, on voit des signaux clairs donnés par le flambant président de l’Équateur, Rafael Correa, voulant se rapprocher du bloc, sans cesser de considérer la possibilité que le MERCOSUR lui-même et d’autres instances régionales avancent vers la consolidation d’une Confédération de Nations plus vaste. La présence de pays observateurs et d’hôtes a aussi été importante, comme les Panama, Surinam et Guyane, entre autres.

Parce des annonces concrètes ont faites, comme le début du premier tronçon du Gazoduc de Sud et l’appui clair manifesté par les présidents du Brésil et d’Argentine, Luiz Inacio Lula da Silva et Nestor Kirchner, ou la proposition du Président vénézuélien, Hugo Chavez, pour promouvoir la création d’un organisme financier régional (la Banque du Sud).

Même avec l’appui de Correa, on a envisagé de penser le rapatriement vers la région d’une bonne partie des réserves que les États du bloc ont déposées dans des banques des Etats-Unis et de l’Union Européenne.

Parce qu’ont été reçues plus sérieusement les demandes justes des pays de plus petit poids relatif, comme l’Uruguay et le Paraguay, avec la concrétisation d’un fonds compensatoire de 70 millions de dollars pour des projets d’infrastructure, et parce que, dans ce même sens, davantage de voix se sont fait entendre pour avancer sur la résolution des asymétries internes du bloc.

Parce qu’à Rio de Janeiro les chefs d’État se sont aussi engagés à approfondir chaque fois plus la recherche d’un chemin qui conduit à la création d’une valeur d’échange monétaire pour l’annulation des transactions commerciales inter bloc.

On pourrait indiquer plusieurs autres points concrets, comme le souhait d’adhérer de plusieurs représentants au projet de communication Telesur. Mais le fort point d’inflexion du Sommet de Rio s’est trouvé dans l’attitude sans préjugées des mandataires au moment de reconnaître que le MERCOSUR est un espace pour faire de la politique, pour examiner des idées, pour échanger même quand il n’y aura pas d’accords, et reconnaître qu’il existe une matrice stratégique à laquelle tous les pays de la région sont heureusement "condamnés" : avancer dans le processus d’intégration.

Et cette acceptation de la politique est fondamentale parce qu’elle représente un coup direct à la conception idéologique du néolibéralisme en matière d’intégration : tout au plus on discute autour d’idées, plus il y aura des débats concrets, moins d’espaces resteraient pour ceux qui prétendent que le MERCOSUR et d’autres instances intégratrices latinoaméricaines sont soumises au marché, comme simples divisions internationales du travail entre les mains des entreprises multinationales.

Aux dires de l’équatorien Correa, plus sera grand le débat d’idées, moins notre région sera dans le marché et davantage dans la construction d’une réelle citoyenneté, en démocratie politique, sociale économique.

Il est juste de le reconnaître, le moteur indubitable de cette dynamique politique est le Venezuela, qui avec sa proposition de "reformater" le bloc ne fait pas autre chose qu’inclure dans son agenda des sujets qui appartiennent au Mercosur, à ses sociétés, qui exigent une lutte urgente contre la pauvreté, le chômage, l’exclusion et la perte de souveraineté entre les mains des entreprises transnationales et les gouvernements des pays centraux, dont celui des Etats-Unis à la tête.

C’est pourquoi l’intervention du président Chavez a été exemplaire, quand elle a soutenu, statistiques en main, que les problèmes à éviter dans le processus d’intégration ont leur cause dans la dépendance dont souffre la région de ces entreprises et du gouvernement des Etats-Unis, phénomène auquel Chavez lui-même se référait avec une clarté totale quand il a assuré que nos problèmes ont un nom propre, l’Impérialisme Etatsunien.

Le Présidente vénézuélien s’est référé à cela corrigeant, avec prudence et respect, ce qu’avait affirmé quelques minutes avant par son homologue et ami de l’Uruguay, Tabaré Vázquez, qui en faisant allusion aux asymétries internes enregistrées dans le Mercosur a eu la négligence de les attribuer à certains de ses partenaires, perdant la mise en perspective que la dernière cause de cette affaire se situe dans l’utilisation des modèles imposés par le Consensus de Washington.

Au niveau des débats et des accords enregistrés lors du Sommet de Rio de Janeiro non seulement cela a contredit les opposants de toujours mais cela a permis d’installer sur le échiquier international une donnée qui devrait être prise en considération : en comparant les Nations Unies (ONU) comme le plus grand instrument global, désigné par un système antidémocratique et autoritaire, qui découle du Conseil de Sécurité, le Mercosur avec son débat et ses idées apparaît comme le échiquier d’une politique internationale avec le plus grands indices de fonctionnement démocratique.

Traduction de l’espagnol pour El Correo de : Estelle et Carlos Debiasi.

APM . Buenos Aires, 22 Janvier 2007.

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